À rebrousse-poil de la morosité ambiante, l’optimisme gagne des points jusque dans l’entreprise. L’éducation positive favorise-t-elle cette tendance ?
Car c’est à l’école que tout se joue. « On apprend mieux quand on est heureux » disait John Lennon qui ajoutait : « Quand je suis allé à l’école, ils m’ont demandé, ce que je voulais être quand je serai grand : J’ai répondu “Heureux”. Ils m’ont dit que je n’avais pas compris la question. J’ai répondu qu’ils n’avaient pas compris la vie. » En quelques mots, l’ancien leader des Beatles décrit parfaitement ce que pourrait être la mission de l’école : donner le goût du positif.
Sécurisé, respecté, valorisé
Très en vogue aujourd’hui, l’éducation positive, vise à développer le bien-être des élèves et donne la priorité au bien-être de l’enfant en utilisant l’écoute des besoins, la gestion des émotions, les techniques de bien-être, le mouvement. C’est autour de ces valeurs, défendues par plusieurs psychologues et pédagogues, que se développent nombre d’expériences pédagogiques qui refusent les classes surchargées, les rythmes épuisants, la promotion de la compétition comme les comparaisons, les systèmes de notation-sanction, mais aussi les récompenses et les punitions. Dans plusieurs ouvrages, Audrey Akoun, thérapeute familiale et Isabelle Pailleau, psychologue clinicienne du travail et des apprentissages, expliquent que le stress est lié à la peur de l’avenir. « Cela a pour effet d’augmenter les attentes des adultes quant à la réussite scolaire des enfants ». Bref il s’agit de tendre vers une école où « l’enfant se sent sécurisé, respecté, valorisé, motivé et donc prêt à comprendre », comme le souligne Isabelle Filliozat, psychothérapeute.
« Je crois en une contamination de l’amour, de la bienveillance, de la douceur et de l’intelligence, ajoute le psychiatre Christophe André. Chaque fois qu’on pose un acte de tendresse, d’affection, d’amour, chaque fois qu’on éclaire quelqu’un en lui donnant un conseil, on modifie un tout petit peu l’avenir de l’humanité dans le bon sens ». Bienveillance ne veut pas dire manque d’autorité. La fermeté est l’un des pivots de l’école positive. A l’origine de la méthode, la psychologue américaine Jane Nelsen, pour qui la « discipline positive » permet de maintenir l’autorité tout en obtenant la coopération. En 2013-2014, deux établissements, les écoles Murat sont devenues les premières écoles publiques françaises à devenir pilotes en « discipline positive ». Le credo de l’école positive a ses pionniers. Développer son autonomie, son esprit critique, apprendre à apprendre : c’est également l’objectif des écoles alternatives Freinet, Decroly, Montessori… dont l’essor ne s’est pas démenti. Dans l’hexagone, 20 000 élèves expérimentent ce type d’innovations pédagogiques dans 352 écoles et 1457 collèges, avec l’aval du Ministère de l’éducation national. Certains établissements scolaires français privilégient les jeux de coopération et rejettent la recherche effrénée de la performance. Objectif : réduire l’anxiété des élèves, doper l’estime de soi. Leur credo : on apprend mieux en faisant qu’en écoutant. A l’appui de ces pédagogies, l’utilisation de techniques comportementales et cognitives.
Meilleure assurance dans son avenir
Bien sûr il n’y a pas d’école idéale. « Mais, parce qu’elle donne confiance en chacun et qu’elle favorise le goût du projet, l’éducation positive facilite l’accomplissement de l’individu dans le travail et offre une meilleure assurance dans son avenir » pense Vincent Cholet, formateur. Créativité, autonomie, sens du partage, plaisir, curiosité, confiance, reconnaissance et respect, fierté du travail accompli, dialogue… autant de qualités parmi d’autres qui se répandent au sein des entreprises ayant intégré dans le management des valeurs inspirées par la culture positive.