Beaucoup d’incertitudes subsistent concernant la réforme des retraites que le Gouvernement engage, mais une chose est sûre : ce ne sera pas un long fleuve tranquille !
Comment pourrait-il en être autrement d’un sujet aussi sensible et intime ? Chacun espère pour lui-même une retraite heureuse pour s’adonner à comme Victor Hugo à « l’art d’être grand-père » (ou grand-mère !).
La retraite, c’est le repos bien mérité, la libération de l’obligation de travailler pour subsister, le temps retrouvé pour les loisirs et les proches. Mais ce bonheur ne dépend plus complètement de nous : la fatigue physique et le risque de maladie deviennent de plus en plus réels et l’argent ne provient plus de notre activité, mais de la solidarité nationale…
Un système universel par points
Toucher au système des retraites, que ce soit par la question de l’âge ou celle du financement, c’est porter atteinte un peu à tout cela en même temps. Sans parler des régimes de retraites spéciaux, dont la réforme aurait des conséquences absolument majeures sur des millions de nos concitoyens !
Que le Centre des « Jeunes » Dirigeants s’intéresse à la retraite pourrait surprendre, mais il n’en est rien. Si nous n’avons pas d’intérêt direct à agir, la retraite reste un sujet qui nous touche pour les questions qu’elle pose : la vie des dirigeants et de leurs salariés à la fin de leur parcours professionnel, l’impôt et la redistribution par la solidarité nationale, la place de chacun dans une société inclusive…
En 2002 et 2007, le CJD a pris position pour un système universel par points. Nous nous réjouissons que le Gouvernement prenne cette voie. Un tel système nous paraît le plus adapté aux parcours professionnels actuels et à la vision de la société que nous portons.
Choisir sa vie
En même temps, il ne faut pas se leurrer et croire que cette réponse unique suffirait. C’est pourquoi nous avions assorti notre idée de « compte points retraites » de compléments et correctifs nombreux. Par exemple, les points doivent pouvoir être accumulés aussi en dehors du travail stricto sensu afin de protéger des ruptures professionnelles ou encore de valoriser les engagements bénévoles. Ils doivent également pouvoir être mobilisés avant la retraite pour une année de formation ou de congé sabbatique par exemple. Enfin, des correctifs sont impératifs comme la prise en compte de la pénibilité du travail.
Le système universel, qui est collectif, équitable et responsable, nous paraît le meilleur levier.
L’État a une responsabilité qui dépasse très largement le nécessaire équilibre des comptes sociaux. Il doit faire vivre le contrat social qui lie chacun de nous : qu’est-on prêt à mettre de nous pour la protection de l’autre ? c’est à l’État d’œuvrer pour rendre l’effort national acceptable par tous. De même, l’État doit faire en sorte que les personnes qui ont des parcours professionnels et de parcours de vie moins linéaires que le moyenne ne soient pas des laissés-pour-compte. Il doit au contraire favoriser les mutations professionnelles et l’autonomie sociale par l’éducation, la formation continue et la protection sociale, pour que chacun puisse choisir sa vie plutôt que la subir.
Pour tout cela, le système universel, qui est collectif, équitable et responsable, nous paraît le meilleur levier. A la condition d’être associé à des mesures de solidarité essentielles à ce qui est la finalité la protection sociale, et de la retraite en particulier : le bien-vivre ensemble.