En France, la précarité alimentaire reste un défi persistant. Face à cela, l’idée d’une Sécurité sociale de l’alimentation fait son chemin. Une proposition qui vise à renforcer l’équité, à transformer le modèle agricole et à protéger l’environnement.
La crise du Covid-19 a exacerbé les difficultés socio-économiques préexistantes, mettant en évidence les faiblesses du modèle agricole et du système alimentaire actuel. Au sortir de la pandémie, la guerre en Ukraine a fait apparaître notre dépendance vis-à-vis de produits alimentaires en provenance de pays tiers. La forte inflation des derniers mois s’est particulièrement focalisée sur le prix des denrées alimentaires. Conséquence logique et préoccupante de ces trois crises successives : de plus en plus de personnes en France sont confrontées à la nécessité de l’aide alimentaire.
Les associations en charge de cette aide, déjà sollicitées par des millions de bénéficiaires réguliers, ont été débordées et contraintes d’adapter leurs opérations. Les collectivités ont réagi avec des aides financières et des initiatives de distribution alimentaire, mais ces mesures ont souffert de l’absence d’une politique nationale cohérente.
La situation actuelle souligne l’importance d’un droit à l’alimentation en tant que droit fondamental dans une démocratie, tel que défini par Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation.
A cette précarisation de la population française s’en ajoute une autre, celle du monde agricole. Cette crise profonde est marquée par la diminution du nombre d’exploitants agricoles et la chute de leurs revenus.
Un nouveau droit
Pour tenter d’apporter des solutions à ces deux problèmes, la création d’une sécurité sociale de l’alimentation, avec par exemple un budget mensuel de 150 euros par personne intégrée au régime général de la Sécurité sociale, apparaît comme une idée séduisante. Une telle initiative vise à améliorer l’accès à une alimentation de qualité pour les ménages précaires et à orienter les agriculteurs vers une production respectueuse des enjeux sociaux, climatiques et environnementaux.
Depuis plusieurs mois, l’idée trouve de plus en plus d’écho dans les médias. Elle est portée par le Collectif pour une Sécurité sociale de l’alimentation qui travaille à l’intégration de l’alimentation dans le régime général de la Sécurité sociale, tel qu’il a été initié en 1946 : universalité de l’accès, conventionnement des professionnels réalisé par des caisses gérées démocratiquement, financement par la création d’une cotisation sociale à taux unique sur la production réelle de valeur ajoutée.
Le droit de bien se nourrir et de bien produire… Cette initiative pourrait transformer en profondeur le système alimentaire français, tout en répondant aux besoins sociaux et en atténuant les impacts environnementaux de l’agriculture actuelle.
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