Quenelles, ravioles, pâtes fraîches, gamme traiteur, Saint Jean se dote de capacités de productions supplémentaires pour faire face à une demande croissante. Son site industriel principal implanté à Romans-sur-Isère s’agrandit et bénéficie de 70 M€ d’investissement pour 30 000 m2 supplémentaires. Les premiers bâtiments seront livrés en juin 2022. En parallèle, l’entreprise cultive sa fibre locale en participant à la structuration de certaines filières, comme celle du persil, ingrédient capital des ravioles.
Les travaux sur une friche industrielle proche de son usine de Romans-sur-Isère sont en cours pour augmenter significativement les capacités de production de Saint Jean. L’usine actuelle de Romans compte 12 000 m2 de surface auxquels d’ajoutent 2 000 m2 de stockage pour les produits surgelés. La nouvelle usine de pâtes farcies, ainsi qu’un nouvel espace de stockage et les bureaux administratifs s’installeront, d’ici à fin juin 2023 en deux phases, sur 30 000 m2 de plus. « L’organisation humaine est en place. Le nouvel outil vise à la rendre plus performante et à accepter des flux de produits plus importants tirés par la hausse de la demande », explique Guillaume Blanloeil, directeur général de Saint Jean.
La nouvelle usine s’équipe de robots, « qui s’occuperont des tâches répétitives » et de lignes de production innovantes et plus respectueuses de l’environnement en consommant notamment moins d’énergie. Cet investissement « capacitaire » s’accompagnera de 150 embauches au total. L’outil industriel sera livré en juin 2022.
La seconde phase de cet investissement de 70 M€, financés sur fonds propres et emprunt bancaire sans aucune subvention publique, concernera le siège administratif et le déploiement d’une zone logistique. « Ce nouvel espace rassemblera les productions de tous les sites Saint Jean pour la logistique à destination de la grande distribution, des restaurateurs et du e-comme, un canal de distribution lancé pendant le premier confinement en mars 2020 et qui s’est déployé au-delà de nos espérances », détaille le directeur général.
Ces surfaces supplémentaires à Romans-sur-Isère, « qui n’avait pas connu d’investissement majeur depuis 2007 », ne remettent en rien en cause l’existence et le fonctionnement de ses sites de production à Bourg-de-Péage, dans la Drôme à quelques kilomètres du site principal, pour la production de la gamme traiteur, à Saint-Just-de-Claix, dans l’Isère, fabricant de quenelles, et à Frans, dans l’Ain, une usiné dédiée à la production de quenelles. « Ces trois sites ont bénéficié du doublement de leurs capacités de production entre 2014 et 2018 », selon Guillaume Blanloeil. Bien au contraire, l’ensemble des produits semblant gagner des parts de marché selon Saint Jean, la production de ravioles devrait quasiment doubler pendant que celle des pâtes farcies devrait tripler.
S’assurer un approvisionnement local
Cette augmentation de la demande et de la production entraîne inéluctablement des besoins en matières premières plus conséquents. Et pour ne pas risquer la pénurie, l’entreprise s’implique dès l’amont. En mars 2020, Saint Jean s’offre les Œufs Deroux (8,7 M€ de chiffres d’affaires), un de ses fournisseurs drômois aujourd’hui dans son giron. « Doté d’un Label Rouge et d’un IGP, il était le seul fournisseur d’œufs qui pouvaient entrer dans la fabrication des ravioles. Il était très pertinent, dans un marché complexe comme celui de l’œuf, de maîtriser la filière », analyse Guillaume Blanloeil. Dans un processus plus long, Saint Jean redynamise, depuis 2018, la filière du persil drômois. Là encore, son implication est stratégique. « Plus on ressert les origines, plus on prend de risques. Il nous faut donc accompagner les agriculteurs en amont pour leur assurer et nous assurer les volumes nécessaires à l’accroissement de notre demande. » Ce travail auprès des filières se poursuit dans « un contexte 2021 difficile pour l’approvisionnement des céréales », affirme le dirigeant.
Viser 10 % du chiffre d’affaires à l’international
L’objectif du pastier est d’atteindre 150 M€ de chiffre d’affaires en 2030, contre 83,2 M€ en 2020 (+ 2 %). Il commercialise ses gammes sous différentes marques Saint Jean (la marque dédiée aux rayons de la grande distribution, 70 % des ventes), Royans (pour les professionnels de la restauration, 20 % du chiffre d’affaires) et Comptoir du Pastier (une gamme bio pour les réseaux spécialisés, en croissance de 53,4 % en 2020). Enfin, Ravioles Truchet, La Royale et Ravioles à l’ancienne connaissent une distribution uniquement régionale.
En 2020, crise Covid-19 oblige, le segment des restaurateurs a chuté de 12 % « alors que nous aurions dû progresser de 8 ou 9 %, nous avons hâte que les terrasses et les restaurants reprennent une activité normale », dit Guillaume Blanloeil.
Autre cible du pastier : l’international. Seuls 2 % de son chiffre d’affaires sont réalisés à l’étranger. « Nous visons 10 % à l’horizon 2030, soit 15 M€ par an », sur les marchés allemands ou encore asiatiques. Pour satisfaire ses ambitions, la stratégie d’expansion hors des frontières pourra passer par la croissance externe. « C’est un sujet d’actualité pour acquérir des compétences sur place, dans les pays visés, proches de nos métiers de l’industrie agroalimentaire, en nouant des partenariats avec des industriels dans le secteur des produits frais ou surgelés pour faciliter nos exportations, par exemple. Des dossiers sont à l’étude », confie Guillaume Blanloeil.
Pour l’heure 100 % production française, Saint Jean emploie 470 salariés dans ses trois sites industriels, chez Deroux et à son siège administratif.