Des rayonnages surchargés, des étagères qui chancellent, des livres que l’on a triés à l’origine et qui maintenant s’amoncellent dans un joyeux désordre… il est temps, peut-être, de songer à contacter RecycLivre, l’entreprise qui propose un service gratuit de récupération des ouvrages.
C’est en 2008 que David Lorrain, après différentes expériences professionnelles allant de la finance à Londres à l’événementiel en passant par la création de sites web et une participation à l’organisation de l’édition 2007 de la coupe de l’America, décide de retour à Paris, de s’occuper de la gestion des livres. En effet, son appartement parisien comme celui de ses copains, s’avère un peu petit pour accueillir des dizaines d’ouvrages. Au départ, il propose donc aux uns et aux autres de collecter leurs livres, de les conserver dans une cave et de les revendre sur Internet.
Les premiers exemplaires sont proposés à la vente en novembre 2008, le premier entrepôt ouvre en mars 2009, le premier salarié est embauché en juillet de la même année. Et depuis, ce sont des centaines de milliers de livres qui ont été collectés, revendus et recyclés. « La procédure est simple, explique David Lorrain. Lorsque vous vous retrouvez avec un trop plein de livres de moins de quarante ans, c’est-à-dire porteurs de code-barres, vous nous contactez via notre site Internet. Vous indiquez le nombre d’ouvrages que vous souhaitez donner et ensuite nous vous proposons un jour et une heure pour venir les récupérer. La démarche est le même pour les bibliothèques, écoles et autres associations ou structures souhaitant céder des livres. »
Aujourd’hui RecycLivre dispose de sept antennes en France, Paris, Bordeaux, Nantes, Toulouse, Lyon, Strasbourg, Lille. Une antenne à Madrid en Espagne et bientôt une en Italie. Et, quel que soit son lieu d’habitation en France, le donateur trouvera toujours via le site Internet, l’adresse d’un relais où il pourra déposer ses bouquins. Ensuite, avant de rejoindre le vaste entrepôt de six mille mètres carrés situé dans l’Essonne, les livres sont inspectés. S’ils sont trop abîmés, ils partent au recyclage papier. Dans le cas contraire, leur code-barres est scanné et ils sont embarqués vers Villabé où grâce à celui-ci, ils seront classés et stockés.
Ecologie et solidarité
Pour limiter au maximum son impact sur l’environnement, l’entreprise a choisi de collecter les ouvrages en voitures électriques. Tous les ans, elle réalise aussi un bilan carbone afin de vérifier ses émissions de CO2 et ses collaborateurs travaillent avec des ordinateurs d’occasion. « Actuellement, au fur et à mesure de nos envois aux clients, nous substituons à nos emballages d’origine des pochettes en papier bio recyclable. Nous donnons aussi poursuit David Lorrain, un pourcentage de notre chiffre d’affaires à l’association 1 % pour la planète dont nous sommes d’ailleurs membres. Toujours dans cette optique écoresponsable, à l’occasion du Green Friday qui est le pendant vert du Black Friday, nous reversons 10 % du C.A. généré ce jour-là à l’association Zero Waste qui défend la démarche zéro déchet, zéro gaspillage. »
Celles-ci réceptionnent les livres, les mettent en rayon, préparent les commandes et les envoient. Toujours dans cette optique de solidarité, la société reverse chaque année toutes associations confondues, écologie et éducation, 10 % de son revenu net. Depuis 2008, les sommes versées aux 150 associations partenaires représentent plus de deux millions d’euros. Une manière de démontrer que l’on peut agir pour l’Homme et la planète tout en gagnant de l’argent.
Lire et faire lire
Près d’un million d’ouvrages composent le catalogue de RecycLivre qui va du roman à la bande dessinée en passant par le livre d’art ou encore les mangas. Chaque vente rapporte peu, le prix moyen d’un livre étant de sept euros, frais de port inclus. C’est en fait sur les volumes que l’entreprise gagne de l’argent. « En 2020, nous avons collecté trois millions de livres et en avons vendu un million trois cent mille. En réalité, nous en avons écoulé plus qu’il n’en est entré dans notre entrepôt, puisqu’une bonne partie d’entre eux, en mauvais état, ont été écartés et envoyés dans une filière de recyclage papier. Malgré ou peut-être, en raison de nos deux mois de fermeture totale liée au premier confinement, le chiffre d’affaires du dernier trimestre 2020 a été multiplié par deux par rapport à la même période de 2019 pour atteindre au total, neuf millions d’euros sur l’ensemble de l’année. En outre, afin de faciliter l’aide à la décision, la nôtre et celle de nos partenaires qui le souhaitent (la Croix Rouge, le réseau des Ressourceries…), nous avons conçu un algorithme permettant de classer les livres et d’en déterminer le prix. Ceux qui ont toutes les chances de se vendre, ceux qui ne seront probablement jamais vendus, et ceux qui pourraient se vendre, mais qui sont moins recherchés. En ce qui concerne ces derniers, nous proposons à nos partenaires de nous les donner et en échange, nous leur reversons une commission au moment de leur vente. »
Au total, une trentaine de personnes travaillent chez RecycLivre, le premier vendeur français de livres d’occasion à qui l’on doit aussi une jolie trouvaille, les boîtes à lire, petites bibliothèques installées dans les lieux de passage de nos villes où chacun dépose, ou reprend un ouvrage. Avec RecycLivre la lecture est désormais écolo et solidaire.