Avocat d’affaires à New York et engagé dans les associations écologistes, Frederic Rich s’efforce de créer du lien entre associations de défense de l’environnement et le camp conservateur. Faire dialoguer les extrêmes, des verts plutôt à gauche et des conservateurs bien ancrés à droite, voilà le défi qu’il entend relever au travers de son ouvrage Getting to Green, Saving Nature : a bipartisan solution, publié en 2016 et non encore traduit en français.
Frederic Rich avance la thèse selon laquelle des progrès significatifs sur les grandes questions environnementales ne peuvent être réalisés que dans le cadre d’une approche bipartite. Le livre retrace les étapes des efforts de protection des ressources environnementales aux Etats Unis depuis le Président Theodore Roosevelt au début du XXème siècle (conservateur) puis l’ « Earth Day » d’Avril 1970, né du consensus sous la présidence de Richard Nixon. Depuis, note l’auteur, nous assistons à une opposition idéologique croissante entre les deux tendances, aboutissant aujourd’hui à ce que Rich nomme « the great estrangement », une fracture qui paralyse la mise en place d’une politique environnementale efficace et réaliste.
Se délivrer des prisons idéologiques
Rich appelle de ses vœux un rapprochement entre Verts et Conservateurs. Cela passe avant tout par la coopération, par un travail sur les valeurs communes pour inventer un « Center Green » permettant l’émergence de solutions pragmatiques et de se délivrer des prisons idéologiques. Le programme de Rich ne se place pas dans une vision utopique, mais dans la réalité de l’Amérique. Elle ne s’intéresse pas à trouver la solution idéale aux problèmes, mais à concilier efficacité et faisabilité. L’application de l’approche « Center Green » nous éloigne du radicalisme vert pour tendre vers des résultats concrets et exploitables sur les questions du réchauffement climatique.
En bon Américain, Frederic Rich propose ainsi « dix commandements » pour mener à bien cette transition :
1 – Soyez modestes : dites la vérité et admettez l’incertitude.
2 – Soyez optimistes et proposez une vision positive.
3 – Les compromis et les progrès limités (incrémentalisme) sont souhaitables.
4 – Acceptez l’impératif de la croissance.
5 – Acceptez le capitalisme.
6 – Les entreprises (business) ne sont pas l’ennemi.
7 – Introduisez des considérations morales pour la conservation de la nature.
8 – Evitez d’avancer des objectifs de missions universelles de transformation sociale.
9 – Connectez vos associations et mobilisez les personnes ordinaires (pas seulement les élites de Washington).
10 – Prenez en compte les habitants des villes, lieux de croissance démographique et d’innovation.
Réconcilier deux écologies
Si Rich porte son regard sur les seuls Etats-Unis d’Amérique, ses recommandations sont riches d’enseignements si on les déplace dans notre contexte européen. En Europe et en particulier en France, l’écologie a été accaparée par la gauche (voire l’extrême gauche) et totalement abandonnée par la droite. Cette écologie se situe dans une visée anticapitaliste, décroissante et planificatrice.
Aux Etats-Unis en revanche, la grande majorité des associations écologistes se situent clairement dans le sillon de l’économie de marché dans laquelle la prépondérance du rôle de l’Etat est moins marqué.