Qui ne connait pas Peter Pan, héros de la littérature enfantine créé par l’écrivain écossais JM. Barrie en 1902 ? Peter Pan est un garçon qui refuse de grandir, préférant vivre dans le pays imaginaire de Neverland où il est le chef des enfants perdus. Il évite soigneusement les contraintes et les exigences du monde adulte, privilégiant l’aventure et le jeu.
Par analogie, le syndrome de Peter Pan en entreprise se manifeste souvent par un refus de prendre des décisions difficiles, de s’engager dans des initiatives risquées ou d’accepter les responsabilités qui accompagnent le leadership. Les entreprises touchées par le syndrome de Peter Pan sont souvent réticentes à adopter de nouvelles technologies, à explorer de nouveaux marchés ou à modifier leurs modèles d’affaires, préférant rester dans leur zone de confort.
Les entreprises affectées par ce syndrome ont évidemment tendance à privilégier le statu quo. Leurs dirigeants peuvent manquer de vision à long terme et éviter de prendre des décisions difficiles qui pourraient nécessiter des efforts temporaires, mais bénéfiques à long terme. Ou bien à changer radicalement de modèle, à bifurquer, dans un environnement qui commence à s’avérer hostile. Frilosité, comportement routinier, mais aussi manque d’ambition.
Car on parle également de syndrome de Peter Pan quand le dirigeant d’une entreprise souhaite volontairement ne pas la faire grandir. Cette attitude est souvent critiquée. Pourquoi faire le choix de s’autolimiter, alors que la France manque cruellement d’ETI, contrairement à son voisin allemand ? Cette logique entrepreneuriale, distincte de la logique purement financière qui caractérise celle de nombreux « startuper » (entre autres), apparaît pourtant parfaitement légitime. Rester petit reste le meilleur moyen pour « garder la main » et conserver des relations humaines de proximité. Une entreprise peut être considérée comme une maisonnée, une communauté de femmes et d’hommes au service d’un même projet, même si les médias valorisent plutôt la grande entreprise, parce qu’elle serait pourvoyeuse d’emplois. Or, selon les données de l’INSEE, les petites et moyennes entreprises représentent la majorité des créations d’emplois en France. En effet, elles génèrent près de 70 % des nouveaux postes chaque année. Le rôle des grandes entreprises dans la création d’emplois mérite donc d’être largement relativisé… Small is beautiful !
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