« Si tu veux booster ton business et devenir rapidement riche, alors clique sur ce lien »

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© Can Stock Photo / PhotoEuphoria

Les joies du ciblage publicitaire sur les réseaux sociaux : je suis littéralement harcelé sur Facebook par des publicités pour des gourous, vendeurs « d’élite », coachs « d’excellence » et autre formateurs « géniaux ». Ils promettent monts et merveilles en s’agitant devant une caméra. Le message qu’ils véhiculent est presque toujours affligeant.

Quand j’étais gosse, j’adorais quand mes parents me trimballaient dans les foires qui rythmaient annuellement la vie de mon village natal et de ceux qui le jouxtaient. La cohue. Les étales richement approvisionnés. L’ambiance de fête. Les manèges pas très loin. La musique fort dans les rues. Les rires.

Et puis entre le marchand de barbapapa et le vendeur de tee-shirts de U2 et de Bob Marley, en face du joueur de flûte péruvien à l’indescriptible bonnet, l’incontournable camelot. Pas de foire digne de ce nom sans la présence de cette figure mythique, de cet athlète du baratin, de ce stakhanoviste de la tchatche.

Avec les camelots de foire, j’étais transporté en plein rêve. J’ai été bluffé par la technicité de cet épluche-patates made in USA dont le manche avait été élaboré par les ingénieurs de la NASA. J’ai été subjugué par ce ramasse-miettes dont les lignes racées avaient été conçues par le designer attitré de la Scuderia Ferrari. Je me suis surpris à éprouver plus de désir pour un carrousel à épices que pour Kim Wilde, la chanteuse dont le monde s’amourachait à cette époque. Ces camelots avaient le génie de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Ils maniaient le verbe avec une force de conviction qui nous faisait chavirer, et parfois acheter.

Aujourd’hui, je ne sillonne plus les foires de campagne. Je vais sur Facebook. Une autre forme de foire, où chacun montre sa marchandise, à savoir son image. Hier, j’allais une fois par an à la foire mon village où le monde s’était donné rendez-vous. Aujourd’hui, le village mondial se donne rendez-vous tous les jours chez moi via facebook pour me déballer sa camelote. Le progrès !

Il y a bien sûr ces gadgets de pacotille made in China complètement inutiles. Mais le plus impressionnant, c’est la foule des gourous en développement personnel, formateurs, vendeurs-consultants-coachs qui s’autoqualifient en toute humilité « d’excellence » qui vient polluer mon fil d’actu.

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Le fric, le fric, le fric

Le procédé est relativement simple : via un webinaire, un livre, un PDF, ou un podcast acheté à vil prix en cliquant sur un lien fourni en bas du message, c’est la richesse et la sérénité qui s’offrent à vous. Ni plus ni moins. Attention, ça envoie du lourd ! Réussir, être heureux, ce n’est pas compliqué. Il suffit de suivre quelques préceptes simples qui vous seront « dévoilés » si vous confirmez l’achat du support en question. Vous souhaitez vendre n’importe quoi ? Quatre principes de base à dérouler et paf, ça dégueule du client. Vous voulez coacher n’importe qui sans trop vous fouler ? Six étapes à respecter et vlan, des dizaines de milliers d’euros de revenus dans l’escarcelle. Vous voulez être zen et accéder au bonheur ? Trois clés vous ouvriront la voie comme trois coups de cuillère à pot.

Je regrette les camelots d’antan. Eux cherchaient à placer leurs produits miracle sans chercher à nous apprendre la vie. La plupart des individus qui délivrent ainsi leurs conseils ont vingt ans, vingt-cinq max. Quelle est leur légitimité à délivrer leur propos ? Et que nous apprennent-ils sur la vie, nos vendeurs-coachs-consultants ? Que la réussite est quelque chose de simple et qu’elle passe uniquement par le fric. Nos zozos véhiculent ainsi des stéréotypes lamentables sur la réussite, la plupart du temps en se mettant en scène dans des lieux luxueux, devant une piscine… L’esprit Dubai ! Triste portrait du winner qui, malheureusement, en piège plus d’un.

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