Nous sommes en 2020. Trente ans nous séparent de 2050. Et trente ans nous éloignent de 1990. Un constat qui doit faire réfléchir (et surtout agir) pour une partie de la génération X.
En 1990, c’était la fin de la guerre froide et de l’ordre qui avait régi le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le camp libéral avait gagné la partie et la démocratie semblait promise à toutes et à tous. On parlait même de fin de l’histoire. Malgré quelques calamités (la première guerre du Golfe, la famine en Somalie, l’épidémie de SIDA ou encore le club Dorothée), rien ne semblait pouvoir altérer notre confiance en l’avenir.
Aujourd’hui, à 45 ans bientôt, à l’heure où l’on commence à avoir plus de passé que d’avenir, j’ai pour l’heure l’impression de plutôt faire partie des chanceux. En 1990, j’entrais au lycée. Ma vie d’alors se résumait alors à quelques préoccupations des plus simples. Les jeunes de ma génération, en queue de comète des trente glorieuses, vivaient dans une insouciance relative. La peur de l’avenir se résumait pour beaucoup d’entre nous à celle de ne pas décrocher de job.
Ce préambule pour en venir à l’essentiel : une publication sur les réseaux sociaux m’a mis une claque la semaine dernière, au moment où tout le monde souhaitait ses meilleurs vœux pour la nouvelle année. Cette publication, la voici :
Trente ans ont passé depuis mon entrée au lycée. Ces trois décennies se sont écoulées à une vitesse incroyable, et j’ai l’impression que plus on avance en âge et que plus les années passent rapidement. Le temps s’accélère, semble-t-il. Trente ans, c’était hier. Trente ans, c’est demain.
Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard.
Louis Aragon
2050 est un chiffre abstrait, lointain, presque du domaine de la science-fiction. On peut y imaginer des colonies sur Mars et une planète Terre peuplée d’androïdes. Et pourtant, je viens de réaliser depuis quelques jours que 2050 est un objectif que j’atteindrai bientôt, avec un peu de chance. « Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard », écrivait Aragon. A peine commencé, c’est déjà fini. Bon j’arrête, car je sens que je vais commencer à parler comme un vieux con… Ce constat qui m’éclate en pleine figure aujourd’hui ne doit pas apitoyer. Il y a des choses en ce monde contre lesquelles on ne peut rien. Les déplorer ne sert à rien, sinon à nourrir toujours plus son impuissance.
Objectif 2050
Je pense à celles et ceux qui, en 2050, auront l’âge qui était le mien quand je suis rentré au lycée. Quel sera leur état d’esprit ? J’ai peine à croire qu’ils jouiront de la même insouciance qu’à notre époque. Auront-ils autant de facilité dans leur évolution que ceux de ma génération ? Je doute que leur vie soit un long fleuve tranquille. Les bouleversements géostratégiques et la question climatique pèseront vraisemblablement très lourd sur leur moral.
Mais qu’en savons-nous finalement, nous qui avons tendance à envisager le futur comme pire qu’il ne sera ?
Que faire ? Que devons-nous faire, nous les presque quinquas ? Que pouvons-nous encore faire ? Si notre génération a pu avoir le luxe d’être insouciante, c’est parce que plusieurs générations précédentes ont rendu cela possible. Ceux qui sont entrés au lycée en 1960 et avant ont contribué à faire de notre jeunesse ce qu’elle a été. A nous de préparer aux jeunes de 2050 un présent aussi enviable que celui qui a été le nôtre en 1990.
Comment ? Sans doute pas en espérant un effondrement global ou en jouant aux révolutionnaires de pacotille, mais en travaillant chacun à notre échelle, dans les associations, dans les entreprises, dans toutes les formes de collectif, au plus près des gens. Bougeons-nous et bougeons les lignes !
L’heure n’est pas à la résignation. Notre génération a trente ans pour préparer le présent des générations futures.
Et c’est long, trente ans !