Le CJD a organisé vendredi sa première Rencontre du Réseau depuis deux ans. Une journée entièrement dédiée à l’avenir. En maître de cérémonie, Mathieu Baudin, directeur de l’institut des futurs souhaitables.
Deux courants de pensée saturent l’espace médiatique : les déclinistes, adeptes du « c’était mieux avant » et les collapsologues, les Cassandres des temps présents. Ce que ces deux courants semblent ignorer pourtant, c’est que la fatalité n’existe pas : ils refusent d’admettre la fantastique capacité de résilience de l’espèce humaine.
Les représentations du futur sont rarement justes. On imagine un monde peu ou prou semblable au nôtre, mais « en mieux », habité par toujours plus de technologies. L’ordre social reste souvent inchangé. Nous mesurons alors la difficulté que nous avons à nous extraire de notre condition présente pour nous projeter, à échapper aux éléments qui nous construisent.
Lucidité n’est pas fatalité
La prospective est un prétexte pour introspecter le présent, comme l’histoire sert à éclairer le passé. Elle est une fabrique à récits : que nous racontons-nous comme histoire pour aller où ? Elle nous invite à faire un pas de côté. Mathieu Baudin identifie quatre grands types de prospective :
- Le tendanciel, qui prolonge l’existant. La démarche consiste à identifier des signaux faibles dans la réalité présente et à imaginer leurs développements potentiels dans le futur
- Le catastrophique, qui pose les scénarios du pire. Cet exercice de pensée est cathartique : la catastrophe est mise à distance, relativisée ; elle devient un sujet partagé. Malheureusement, elle est survalorisée par les médias ; nous sommes actuellement en surdose de scénarios catastrophes.
- Le rupturiste – sans doute le moins aisé — qui consiste à anticiper des événements ou tendances révolutionnaires.
- Le souhaitable, qui consiste à imaginer un futur souhaitable, puis à se reculer dans le présent en activant tous les leviers pour l’activer.
Vous l’aurez compris : Mathieu Baudin se situe résolument dans cette dernière mouvance. Contre le catastrophisme et le déclinisme, il nous invite à entendre la forêt qui pousse, et pas seulement l’arbre qui tombe. L’accélération nous empêche de prendre le temps d’identifier les évolutions positives de notre environnement. Nous cassons le temps long pour du court terme économique et politique. Mais Mathieu Baudin termine son intervention avec une bonne nouvelle : à l’ère de l’anthropocène, ce que l’humain a fait, il peut le défaire.