Ces derniers mois et cette rentrée au climat anxiogène livrent l’occasion de nous poser quelques questions existentielles.
Nos habitudes ont été profondément remises en cause avec l’épisode de la COVID-19. Et aujourd’hui, nous n’en sommes toujours pas sortis. La distanciation physique est de mise et le masque est devenu obligatoire presque partout. On ne sait pas quand on en sortira. Confusion, incertitude, peur… autant de sentiments qui tous nous animent, chacun à des degrés divers.
Dans les médias, on parle beaucoup de résilience. En physique, la résilience est la capacité des matériaux à résister aux chocs ou à retrouver leur forme initiale après avoir été comprimés ou déformés. La résilience implique donc un retour à la normale.
Un retour à la normale… Est-ce bien ce que nous voulons ? Est-ce seulement possible ?
Les événements que nous traversons ne doivent pas nous inciter à être plus résilients, mais antifragiles. L’antifragilité dépasse la solidité. Ce qui est résistant supporte les chocs et reste identique, alors que ce qui est antifragile s’améliore. Ce qui est résistant n’est pas victime ni ne profite de la volatilité et du désordre, alors que ce qui est antifragile en tire parti. L’antifragile aime le hasard et l’incertitude. L’antifragilité a la rare vertu de nous permettre d’affronter l’inconnu, de « faire des choses sans les comprendre et de bien les faire ». L’antifragilité et la fragilité sont divers degrés d’un même spectre : tout ce qui, à la suite d’événements fortuits (ou de certains chocs), comporte plus d’avantages que d’inconvénients est antifragile ; et fragile dans le cas contraire.
Voilà les propriétés de l’antifragilité selon Nassim Nicholas Taleb, l’essayiste américano-libanais qui a forgé cette notion un peu étrange. La lecture de son essai suscite un intérêt compréhensible pour qui veut essayer de s’orienter en cette période troublée ; elle provoque cependant, du moins chez moi, une certaine perplexité. Le concept que l’auteur façonne me paraît confus, mal délimité ; son argumentation peine à me convaincre totalement des « bienfaits du désordre ».
Ce que je retiens pourtant de cette lecture et de ce qui la lie aux événements qui nous touchent actuellement, c’est une chose : cette pandémie a mis beaucoup d’entrepreneurs (et plus généralement d’individus) dans une logique d’autodépassement face à l’adversité. Pour reprendre la célèbre formule de Friedrich Nietzsche : « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort ». Voilà ce que je mets derrière le mot « antifragile ».
Alors, deux questions me viennent à l’esprit : quelles leçons tirez-vous de ces derniers mois et en quoi cette épreuve individuelle et collective vous renforce-t-elle pour l’avenir ?