Un texte écrit par Gilles Rouch, entrepreneur membre du CJD, qui lie émotions et raison. Emotions de vant le spectacle qui s’offre devant lui lors d’un voyage en Arctique. Raison de se battre pour préserver ces paysages incroyables et la planète toute entière.
Comment ne pas pleurer après 3 jours de soleil et de chaleur qui d’après les scientifiques rencontrés sont les jours les plus chauds jamais mesurés ici ?
Comment ne pas être inquiet de voir si peu de phoques, mais des baleines qui ne venaient pas ici ?
Comment ne pas se révolter de voir les bateaux de croisière continuer à faire croire que la beauté est éternelle tout en émettant plus que la totalité du trafic routier norvégien ?
Oh Spitzberg, Arctique, Terre, nous avons besoin de votre aide ! Mettez-vous en colère, plus vite, plus fort, pour que nous les humains soyons obligés de changer très, très vite.
Votre beauté n’est-elle pas plus riche que ce que nous appelons bien mal : richesse ?
Votre avenir n’est-il pas plus important que nos petits plaisirs passagers ?
Je pleure…
Comme disait Maxime en Antarctique, on pourra toujours construire des machines à laver, des voitures, des maisons, mais jamais on ne pourra vous réparer.
Alors déjà pour commencer, pour nous, chefs d’entreprise, il ne doit surtout plus être question de croissance.
N’est-il pas évident que nous devons tous individuellement réduire notre impact, donc notre consommation de toute nature ? Alors n’est-il pas évident que cela signifie aussi moins d’activité marchande pour les entreprises ?
Si nous individus et entrepreneurs en sommes conscients et agissons, alors il deviendra vite évident pour la société que notre modèle social et économique n’est pas du tout adapté. Il est entièrement bâti sur le précepte de croissance ! Mais la terre, elle, vous croyez vraiment qu’elle est en croissance ?
Depuis (peu malheureusement) que j’ai compris, ce mot m’est insupportable, car totalement suicidaire, et pour toi ?
Alors oui je pleure, là devant tant de beauté.
Mais j’espère encore un tout petit peu que nous allons très vite, ensemble, je dis bien ensemble, bâtir une nouvelle civilisation. En vrai. Car là, nous ne sommes pas civilisés !
Franchement, les +1.5 à 2° tant évoqués et dont on sait qu’ils sont déjà inatteignables, ici en Artique, comme dans les Alpes, c’est +4 ou 5° ce qui est absolument catastrophique.
Alors si l’avenir de l’humanité est déjà condamné par notre faute, de ma génération et de mes parents et grands-parents alors faisons au moins que nos enfants et petits-enfants se sentent compris et dans une société apaisée (comme par hasard c’est « pour les enfants du monde entier » qui vient à mes oreilles…).
Est-ce que d’être venu te voir, cher Spitzberg, restera inutile ? Ou est-ce que en me faisant écrire ces lignes (et couler les larmes sur le téléphone !) et diffuser ces images, en convaincra certains d’agir et de faire agir, et de nous entraider en partageant les idées ?
J’espère…
Gilles Rouch