« Moi, à mon époque… ». On fait la morale à la jeunesse qu’on accuse de ne pas être à la hauteur de l’époque. Mais qui est réellement à la hauteur de quoi ?
La jeunesse n’a pas bonne presse. Ces derniers temps, de nombreux articles et des livres la montrent du doigt. Pas à la hauteur. Trop sensible. Fainéante. Hystérique. J’en passe et j’en passe. La parole des jeunes est discréditée. Leurs aînés les jugent utopistes. Mais qui sont réellement les utopistes ? Sont-ce les plus jeunes ou bien ceux qui croient encore désespérément en un modèle qui ne marche pas ? Dans Sois jeune et tais-toi !, la journaliste Salomé Saqué vient débunker les préjugés persistants sur les jeunes, « faire la peau » à ces clichés. Factuellement, que sait-on de la jeunesse ?
D’abord qu’ils sont pauvres. Ils galèrent pour accéder à un emploi ; ils doivent, de plus en plus longtemps, passer par la case stage, alternance, CDD… avant de décrocher un job stable. Les jeunes sont une variable d’ajustement dans l’entreprise. Quand une crise survient, ils sont les premiers à payer les pots cassés. Alors que les générations qui les ont précédés ont surfé sur la vague de l’immobilier, les jeunes aujourd’hui sont incapables d’accéder à la propriété compte tenu des prix pratiqués. Le parc immobilier français appartient majoritairement aux plus de 50 ans.
Ensuite vient la question climatique. Une bombe allumée par les générations passées et qui explose à la figure des plus récentes. Les jeunes subissent et subiront les conséquences des décisions qui ont été prises par des personnes qui sont disparues ou vont disparaître. Le mépris affiché envers la jeunesse n’en est que plus indécent face à l’écoanxiété et le désespoir de certains militants dont l’action suscite de la réprobation et parfois même une haine aussi choquante que déplacée.
Enfin — et c’est peut-être le plus tragique —, la jeunesse est impuissante. Les 18 – 29 ans sont deux fois moins nombreux que les plus de 60 ans, ce qui veut dire que le conservatisme est aux manettes et qu’il le sera encore pour longtemps. Si tous les jeunes votaient comme un seul homme en faveur d’un candidat écologiste radical (ce qui est déjà en soi impossible, la jeunesse n’étant pas un bloc uniforme), ils ne pourraient pas l’emporter. Le pouvoir est dans les mains des plus âgés. C’est eux qui font l’élection.
Nous sacrifions les générations futures. Les accabler de tous les maux ne les aidera pas. Salomé Saqué nous invite à changer notre regard sur la jeunesse et à faire preuve d’empathie. Face aux défis écologiques, les solutions devront nécessairement passer par davantage de compréhension et de solidarité intergénérationnelles.
Crédit Photo : Gilles Piel