Pour Laura Di Muzio, sportive de haut niveau, il faut apprendre à s’aimer entre coéquipiers pour réaliser collectivement une performance. Le rugby, seul sport de combat collectif, permet précisément d’y parvenir.
Laura Di Muzio est aujourd’hui présidente du club de rugby féminin de Villeneuve-d’Ascq après en avoir été une joueuse, et même la capitaine. Au-delà de sa carrière en club, elle compte aussi une dizaine de sélections avec le XV de France et une quinzaine en équipe de France de rugby à 7. Devant les 1200 adhérents du CJD présents à la Rencontre du Réseau du 8 décembre, elle ose un parallèle. « Vous êtes tous plus ou moins des sportifs de haut niveau, avec votre forme, vos projets… ».
Aujourd’hui le club est en division 1 et a même été champion en 2016. Mais il revient de loin. Il y a 10 ans, le club était rétrogradé. Grâce à un nouvel entraîneur qui a vu un potentiel inexploité dans cette équipe, l’équipe est revenue parmi l’élite. Avant de retrouver des résultats, il a fallu construire une équipe soudée. Cela n’a été rendu possible que grâce à deux choses. D’abord, la « bible », à savoir les repères de jeu communs. Ensuite, les règles de vie ; ne jouent que celles qui s’entraînent, c’est-à-dire celles qui s’engagent.
S’engager est bien différents qu’être motivé. On n’est généralement pas motivé quand on s’entraîne le soir, après le travail, par grand froid, dans la boue, cinq fois par semaine. La question n’est donc pas de savoir si les joueuses sont motivées, mais si elles sont engagées, consciente d’appartenir à une équipe. C’est cet engagement qui est constitutif de l’identité de l’équipe. « On a travaillé avec le coach sur ce qu’on voulait être en tant qu’équipe ». C’est là qu’intervient la notion de « supplément d’âme » : chaque joueuse peut être à un moment celle qui va faire la différence. « Un capitaine ne peut pas tout faire ; être un leader, c’est être leader d’un jour, d’une action, d’une parole… Chaque personne est en mesure de développer des moments de leadership ». La connaissance de soi s’avère alors cruciale pour gagner la confiance nécessaire à ce leadership.
Laura conclut : « Il faut apprendre à s’aimer. Car plus on apprend à s’aimer, plus on prend confiance en soi. La confiance en soi vient de la connaissance de soi (…) Plus on apprend à se connaître, plus on apprend à s’aimer, plus sur le terrain on est utile. Un leader pour être convaincant auprès de l’équipe, il doit être convaincu. Il doit être sûr de ses forces et ça ne veut pas dire qu’il ne doit pas se remettre en question après le match. Le sportif de haut niveau est dans l’obligation d’apprendre à prendre soin de lui. »
Crédit photo : Nick Fewings – Unsplash