Dans La cohée du lamentin, le poète et essayiste Edouard Glissant continue à développer et à préciser sa réflexion originale et personnelle hors de la pensée de système et des systèmes de pensée.
« Ce que l’on appelle Mondialisation [globalisation ?], qui est donc uniformisation par le bas, le règne des multinationales, la standardisation, l’ultralibéralisme sauvage sur les marchés mondiaux (une Corporation déplace avantageusement ses usines dans un pays lointain, un malade n’a pas le droit d’acheter des médicaments à un meilleur rapport dans un pays voisin), et ainsi de suite, chacun peut s’en rendre compte, c’est la procession des lieux-communs rabâchés par tous, et que nous nous répétons infiniment, mais c’est aussi, tout cela, le revers négatif d’une réalité prodigieuse que j’appelle Mondialité.
Elle projette, cette mondialité, l’aventure sans précédent qu’il nous est donné à tous aujourd’hui de vivre, et dans un monde qui pour la première fois, et si réellement de manière tant immédiate, foudroyante, se conçoit à la fois multiple et un, et inextricable.
Nécessité pour chacun de changer ses manières de concevoir, de vivre et de réagir, dans ce monde là. »
Edouard Glissant, La cohée du lamentin, Gallimard, 2005.