LA VIE AVANT LE CONFINEMENT – Souvenez-vous : il y a encore quelques jours, certains salariés travaillaient ensemble sur des lieux appelés « open-space ». Des lieux qui semblent appeler à la sociabilité. Pourtant, l’open-space peut devenir un cauchemar pour des êtres dont la survalorisation des travaux produits par autrui provoque quelques allergies. Voici quelques conseils pour tenir.
L’open space, ce lieu où vous passez le plus clair de votre temps, devient jour après jour un véritable cauchemar. Nuisances sonores, manque de discrétion, règne du m’as-tu-vu, ce décor en carton où la commedia dell’arte fait étonnement son effet, a été pensé dans les années 1950 par deux consultants allemands. Les frères Eberhard et Wolfang Schnelle avaient d’abord imaginé un « bureau paysager » où de grands espaces sans cloisons mèneraient à favoriser la communication au sein de l’entreprise. Aujourd’hui, ce goulag moderne est, niveau mentalité, aussi ouvert qu’un club de cigare.
« Tu pars tôt, tu as pris une RTT ? »
Rentabilité VS horaires. Nous sera-t-il possible un jour d’admettre que le travail rendu — en admettant qu’il ait été parfaitement réalisé — prime sur le nombre d’heures passées derrière son bureau ? Sachant que cette prise d’otage du salarié mène à des situations telles que le clic droit sur la page Facebook plutôt que de produire effectivement pour l’entreprise. À ce type de remarques, le silence est tout à fait autorisé. Car votre collègue n’étant nullement votre supérieur hiérarchique, il n’a qu’à se mêler de ce qui le regarde, à savoir son propre écran.
Le diable se cache dans les détails
« J’ai ouvert Windows, j’ai tapé des mails, j’ai cliqué sur “envoyer” ». À quel moment chaque gestuelle est devenue obligatoire à décrire ? Cela prouve-t-il l’efficacité du salarié ? Non. C’est une radioactivité qui perturbe le voisin et ne mène à rien. Ne rentrez guère dedans, un N+1 intelligent regardera encore une fois votre travail plutôt que le détail de chacune de vos actions depuis votre heure d’arrivée.
« Tu es parti à Bangkok ? Moi j’ai fait l’Inde »
« Faire l’Inde » ne signifiant rien en soi, on se demande à quel moment notre collègue peut penser avoir compris un pays entier en visitant deux villes — même très distantes. Encore une fois, cette interaction au travail n’est là que pour se donner une consistance. À contrario, le malheur d’une personne se propage à tous les étages — esprit de Schadenfreude oblige. Cette « joie maligne » qu’Aristote évoquait déjà avec le mot « epichairekakia », « la joie née du mal ». Ne parlez pas de votre vie privée, elle ne regarde personne.
« Il parait qu’une telle… »
« L’open space ressemble à un petit village où les petits vieux observent ce qui se passe à travers des persiennes. Les petits vieux, ce sont (…) des personnes qui jugent. Tout le monde surveille tout le monde. Tout le monde s’entend, se voit, s’épie. Des bruits de couloir, des rumeurs, des réputations se construisent peu à peu » écrivaient Alexandre des Isnards et Thomas Zuber dans « L’Open Space M’a Tuer » (Hachette Littératures, 2008). Votre lieu de travail donnera lieu à des rumeurs. Votre rendement qui fera la différence. Ou vous êtes doué, ou vous devez vous améliorer. Mais laissez les ragots des rats de couloir de côté, concentrez-vous sur votre page Word — c’est là que vous devez être.
La nature VS l’homme
Au fur et à mesure des années, des gestes-réflexes ont permis au salarié discret de pouvoir respirer. Les plantes ont pris une place importante. Bonne façon de s’entourer d’énergies positives puisqu’elles contribuent à augmenter la productivité, à réduire le stress, à stimuler la créativité tout en repoussant les curieux qui souhaiteraient vous scruter. Les plantes peuvent réduire de 50 % la quantité de CO2 du bureau et de 20 % la quantité de poussière, de moisissures et autres bactéries. À titre d’exemple, l’aloe vera permet de diminuer les ondes électromagnétiques. Elle dépollue l’air ambiant tout en absorbant les ondes néfastes. Peut-être que les esprits malsains y passent aussi.
Les boules Quiès en renfort
Les boules Quiès sont un renfort à moindre coût. La pollution sonore au travail, qui cause des méfaits sur le bien-être et la santé des personnes exposées conduit à une réelle perte de productivité. La désertion du lieu de travail (hausse des demandes de télétravail) augmente. En 2016, une enquête IFOP/JNA révélait que les nuisances sonores faisaient perdre plus de 120 heures par année de travail à 6 millions de travailleurs en open-space en France. Un coût social représentant plus de 19 milliards d’euros par an selon une étude réalisée pour le compte du Conseil National du Bruit et l’ADEME. Puisqu’il n’est guère interdit de s’équiper, enroulez vos deux bouts de cire et oubliez où vous vous trouvez.