Thomas Bourghelle, vice-président du CJD à participé aux Universités de l’Economie de la Fonctionnalité et de la Coopération (EFC). En quoi le CJD peut-il contribuer à cette dynamique porteuse d’avenir ? Interview.
Qu’est-ce qui vous a marqué lors de ces universités de l’EFC 2022 ?
La fresque de l’économie m’a beaucoup intéressé, parce qu’elle met en perspective les éléments de théorie dans lesquels nous baignons. Nous voyons comment une vérité économique s’est construite et comment cette vérité qui nous a été racontée structure notre manière de penser, de nous comporter, de consommer… Nous avons été biberonnés par tous ces éléments de théorie qui semblent pour nous évidents. Cela explique pourquoi, face au dérèglement climatique et aux inégalités sociales, nous avons du mal à bouger.
Que visez-vous à court terme ?
Cette fresque est un outil puissant pour avancer vers un changement de modèle. Ces universités de EFC ont permis la création de liens et des échanges nourris entre acteurs très différents : ADEME, entrepreneurs, chambres de commerce et d’industrie… L’objectif est d’aboutir à la création d’un collectif. C’est en très bonne voie. L’EFC n’est plus aujourd’hui le centre d’intérêt de quelques initiés convaincus ; elle rassemble de plus en plus de personnes désireuses de bouger nos modèles par la coopération. L’ambition est aujourd’hui de massifier cette démarche.
Comment le CJD s’y prend-il pour influencer les acteurs politiques dans la perspective de ces changements de modèles ?
Tout cela fait sens avec l’amendement sur le projet de loi de finances que nous avons déposé avec Mélanie Tisserand-Berger. Pour changer les modèles, l’État doit engager un budget conséquent. Les entrepreneurs ont besoin de ressources pour expérimenter, réinventer des organisations plus vertueuses. Les salariés doivent être accompagnés, car un tel changement peut être déstabilisant.
Que retenez-vous de ces universités à Saint-Etienne ?
Je retiens la richesse des échanges, des concepts et des témoignages inspirants comme celui de Christian Bruere, Président de Mob-ion. Cet entrepreneur a repensé l’ensemble de sa production pour améliorer le cycle de vie de ses produits en promouvant non pas le recyclage, mais le « remanufacture ». Ce procédé consiste à penser dès l’origine à la seconde vie du produit. Un produit devient obsolète parce qu’un de ses éléments a une faiblesse. Or il importe de penser l’ensemble des éléments constituants le produit. Un produit usagé (en panne, en fin de vie, obsolète ou à l’état de déchet) doit évoluer dans un état, un niveau de performance identiques voire supérieurs à son état d’origine. C’est un modèle écologiquement et économiquement gagnant. Cela pose la question de la création et de la circulation de la valeur, question brûlante aujourd’hui compte tenu des contraintes imposées par les enjeux climatiques.