Depuis plusieurs semaines, des entreprises détournent leur savoir-faire pour faire face à la crise provoquée par l’épidémie de Covid-19. Elles participent, pour reprendre les mots d’Emmanuel Macron, « à l’effort de guerre ». Certaines sont des grands Groupes, d’autres des PME. Toutes dans des domaines aussi divers que la santé, l’éducation, la culture… œuvrent aux quatre coins de notre pays.
Depuis la mi-mars notre pays, à l’image d’autres nations dans le monde, vit une situation totalement inédite. Confinement des populations, économies au ralenti… Parallèlement, les appels à la solidarité se sont multipliés, tout comme les initiatives pour y répondre.
Dès le 16 mars, le Groupe LVMH décidait de fabriquer, dans ses principaux sites de production français et en très grand nombre, du gel hydroalcoolique. Production livrée régulièrement aux 39 hôpitaux de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). D’autres, comme Pernod Ricard, offraient au groupe néerlandais Cooper, fournisseur en pharmacie, 70 000 litres de gel hydroalcoolique et réorientaient une partie de sa production pour lui permettre d’accroître ses livraisons aux officines. Citons encore, Absolut Vodka ou Irish Distillers qui transforment une partie de leur production d’alcool en produits sanitaires. D’autres enfin, se lançaient dans la production de respirateurs artificiels, Telsa, Dyson, Ford…
Des entreprises mobilisées et solidaires de l’effort national
Autour d’Air Liquide, un consortium composé de PSA, Valeo et Schneider Electric, s’est constitué pour fabriquer des respirateurs. Le Groupe Total distribue 50 millions d’euros de bons de carburant aux personnels soignants, via les directeurs d’établissements hospitaliers. La SNCF rend gratuits les TGV et Intercités pour les personnels médicaux et paramédicaux répondant aux appels à la solidarité. Norauto a rouvert une partie de ses centres sur la base du volontariat de ses collaborateurs. Il s’agit « d’ateliers de secours » destinés en priorité aux personnels soignants pour leur permettre de poursuivre leurs déplacements. Le Groupe Bouygues, présent dans la construction, les télécoms et les médias ? promet de son côté, un million de masques chirurgicaux. Et ce n’est pas fini. L’atelier de prototypage du Groupe Etam, dans le Nord de la France produit des masques de protection et met à disposition de Novomed ses entrepôts pour aider au stockage de matériels médicaux. Petit Bateau, la marque française de vêtements pour enfants, a rappelé ses personnels et modifie ses chaînes de production pour produire des masques.
Des PME sur tous les fronts
Du Slip français aux Tricots Saint James, en passant par la start-up drômoise 1083, le Pôle textile d’Alsace ou l’entreprise Payote à Perpignan, les PME françaises sont elles aussi « montées au front ». Illustration avec deux PME dirigées par des membres du CJD. A Caussade, dans le Tarn-et-Garonne, sont implantés les Établissements Crambes fabriquant de chapeaux et casquettes, rachetés et dirigés depuis avril 2019 par Catherine Vampouille. « La première chose qui m’a traversé l’esprit était d’assurer la pérennité de l’entreprise tout en préservant la santé des équipes. Lorsque mon conjoint, Benoit Besnault et moi-même avons repris la société, elle perdait de l’argent. Pour augmenter la production, nous avons commencé à moderniser l’outil de production, mis en place un ERP et recruté des couturières. Reste que l’entreprise est très fragile… Mais nous avons la chance d’appartenir à la filière textile qui, à la veille du confinement, a interrogé ses adhérents quant à la fabrication éventuelle de masques chirurgicaux. Nous avons répondu présents. » Les 7 000 m2 de locaux n’ont pas nécessité de modification des postes de travail, et les mesures de protection ont été mises en place. « Au début, reprend Catherine Vampouille, certains avaient peur de poursuivre l’activité. Mais très vite le fait de fabriquer des masques a donné un sens au travail, une véritable motivation. Actuellement près des 2/3 des couturières en fabriquent et répondent déjà à la demande locale : pharmacie, personnel soignant, Ehpad… seuls cinq collaborateurs ne sont pas présents. Deux parce qu’ils gardent leurs enfants et trois parce qu’ils sont considérés comme à risque. De plus, travailler avec d’autres crée des liens, des complémentarités. Notre démarche commune n’est pas de répondre à une demande commerciale, mais à une demande nationale. »
Le devoir d’accompagner les clients
A Wavrin dans le Nord, l’entreprise Maas, forte d’une quarantaine de collaborateurs, a décidé de poursuivre ses activités. Cette société familiale créée en 1985 fabrique des bandes transporteuses et courroies techniques. « Avant l’annonce officielle du confinement, explique Julien Maas, son dirigeant, nous nous sommes réunis pour réfléchir à l’attitude à adopter. Fermer l’entreprise ou poursuivre l’activité. Finalement, nous avons décidé de poursuivre notre activité en nous organisant, nous structurant pour assurer un service minimum, la plupart de nos clients poursuivant leur activité. » Le travail a été maintenu dans l’atelier sans aménagement, les postes étant suffisamment distanciés. Toutefois, les bandes étant véhiculées d’un poste à l’autre, des produits désinfectants ont été disposés. Quatre collaborateurs font du télétravail, avec leur ordinateur de bureau. « Nous pensions que la crise entraînerait une chute de notre activité d’environ 50 %. en fait pas du tout. Sur mille clients, seuls trente ont arrêté leur activité ou refusé nos colis. Ce qui a réellement baissé en revanche, ce sont les contacts avec les clients. Mais c’est tout. Grâce aux efforts de toute l’équipe, nous permettons à ces derniers de poursuivre leurs activités respectives, notamment dans l’agroalimentaire. Une véritable solidarité et entraide dans la crise actuelle. »