Dans un contexte d’accélération de la transformation numérique, il est temps pour les conseils d’administration de se mettre à la page digitale. En effet, la plupart des entreprises n’intègrent pas cette compétence au sein de leur conseil stratégique. Mais comment établir une stratégie efficace si l’on ne saisit pas les enjeux de ce changement de paradigme ?
Dans un monde en pleine mutation numérique, la facilité d’usage s’est imposée comme la norme, en particulier dans les entreprises. Les salariés communiquent sous forme de chat via Slack, gèrent leur fiche de paie grâce à des logiciels comme Payfit, Sage ou One Pay et peuvent échanger avec leurs clients en mode projet via Trello. Les fournisseurs aussi y ont droit : ils ont aussi la possibilité de bénéficier d’outils intuitifs comme Asterio pour la gestion des commandes, le traitement des factures en ligne, la signature électronique des documents, etc.
Face à ces changements, les conseils d’administration — à l’origine des décisions stratégiques dans une entreprise — doivent être en capacité de saisir les enjeux de cette mutation numérique afin de mieux accompagner la transformation digitale au sein de leurs entreprises.
Les conseils stratégiques font l’impasse sur le digital
Vecteur de nombreux avantages compétitifs stratégiques, le sujet du digital reste encore mal pris en compte. Qu’on se rende compte : seul un quart des entreprises européennes disposent d’un membre dédié au digital au sein de leur conseil administratif selon une étude menée par le cabinet d’audit et de conseil EY ! En 2016, l’étude réalisée par Amrop auprès de 110 sociétés cotées révèle également que les profils digitaux/technologiques au sein des boards ne dépassent pas les 5 %.
Il est ainsi indispensable pour les comités de réduire le manque d’expertise sur les initiatives et risques digitaux.
La solution : des profils plus jeunes, plus connectés
La solution est souvent plus simple qu’on ne le pense. L’idée : intégrer au conseil d’administration au moins un profil d’opérationnel expert en digital, idéalement plus jeune que les autres membres. Son avis doit permettre de prendre en compte les nouvelles réalités digitales dans toute décision stratégique. Cette personne devra bien sûr disposer d’une vision business, sans laquelle elle sera peu légitime.
L’enjeu est d’apporter une expertise digitale avec un profil connecté à l’innovation et aux nouveaux usages, mais également plus proche de l’opérationnel pour évaluer les besoins des équipes pour réaliser concrètement cette transformation. Cette approche permet d’évaluer certains risques (de disruption, d’inaction…) et d’exploiter de nouvelles opportunités tout en accompagnant les collaborateurs dans ce changement.
90 % des nouvelles sociétés qui menacent les leaders des marchés aujourd’hui ont été créées par des personnes de moins de 35 ans.
Cette stratégie est primordiale et concerne toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. Les grandes entreprises du CAC 40 sont particulièrement concernées puisqu’en 2018, l’âge moyen des membres du Comex était de 59 ans, avec une ancienneté moyenne de 5,7 ans, des chiffres en décalage complet avec la génération Y. Or, on sait que la jeunesse dispose d’un fort avantage : 90 % des nouvelles sociétés qui menacent les leaders des marchés aujourd’hui ont été créées par des personnes de moins de 35 ans.
Les bons exemples à suivre existent déjà
Les entreprises ont d’ores et déjà commencé à digitaliser leur conseil en intégrant des profils dédiés. De manière inattendue, le mouvement a été initié par certains grands groupes comme Vivendi qui sont accompagnés par des profils comme Katie Stanton (ex-VP de Twitter) ou encore LVMH avec Marie-Laure Sauty de Chalon (CEO de Auféminin). Certains groupes vont même plus loin, en allant jusqu’à instaurer un comité numérique, comme Schneider Electric, pionnière en la matière.
Les PME et ETI sont encore en retard dans ce domaine. Certaines ont néanmoins commencé à s’adapter : Le Temps des Cerises, par exemple, a récemment renforcé sa gouvernance digitale en accueillant à son bord le Chief Digital Officer d’une marque internationale. Son rôle : apporter une expertise sur le lancement de nouveaux canaux de vente et sur le parcours omnicanal client. Face au succès de cette approche, il ne fait aucun doute que d’autres entreprises franchiront bientôt le pas à leur tour : la recherche de nouveaux talents, experts du digital, ne fait que commencer !
Nicolas Réquillart-Jeanson