« C’est l’exemple parfait que tout est possible ». Anthony Bourbon, patron-fondateur de Feed en 2017, ne cache pas sa fierté après la performance signée au rallye Paris-Dakar 2020 par Axel Allétru : première place dans sa catégorie au volant d’un buggy. La jeune start-up spécialisée dans le smart food a choisi d’apporter son soutien au projet un peu fou de cet athlète de haut niveau, devenu paraplégique à la suite d’un accident lors des championnats du monde de moto-cross en 2010.
Faire le Dakar comme son père, tel était en effet le nouveau rêve de ce sportif de 29 ans qui avait déjà témoigné de sa capacité de résistance en remportant douze titres de champion de France de natation handisports. « Nous sommes tous capables de nous dépasser ». Ces mots prononcés par Axel Allétru sur la ligne d’arrivée du Dakar en janvier dernier, Anthony Bourbon les reprend à son compte. Il entend bien favoriser les projets montés par « des gens très motivés qui ont envie de se surpasser » par le biais de sa Fondation, Feed. back, lancée à la fin de l’année passée. « Nous voulons soutenir ceux qui continuent de croire en leurs rêves, quel que soit leur milieu, leur situation personnelle, financière, précise Anthony Bourbon. Nous souhaitons privilégier ceux qui n’ont pas eu de chance, qui n’ont pas les meilleures cartes en main. Mais attention, nous refusons de tomber dans le pathos. Ce qui nous intéresse chez le candidat ce n’est pas l’histoire de sa vie difficile passée, mais comment il compte s’en sortir. Le rêve, nous ne sommes pas là pour le juger. Je veux du concret. Il faut juste que le projet soit grand ». En témoigne l’un des tout premiers projets soutenus : l’ascension du Kilimandjaro par un groupe de dix jeunes femmes « ayant eu un parcours personnel qualifié » sous un mode « écoresponsable », impliquant notamment huit jours d’expédition avec un minimum d’alimentation sous oxygène. « La preuve qu’il existe une formidable énergie en France ».
Un outil de motivation en interne
Opérationnelle depuis l’automne, la Fondation Feed.back reçoit chaque jour « des dizaines de dossiers ». Après une première sélection sur pièces, les candidats retenus passent chaque trimestre devant un jury réunissant des membres de l’équipe de Feed et des « gens de l’extérieur » choisis pour leurs compétences et leur réussite personnelle (« ils ont eu une vie compliquée et ils ont su s’en sortir »). La personnalité va jouer. Chaque candidat doit présenter son projet, et convaincre, en moins de quinze minutes.
Un coach personnel de chez Feed suit chaque chef de projet qui se voit aussi attribuer un coach spécialisé en nutrition. « Enfin, souligne Anthony Bourbon, je suis toujours là comme un coach de vie pour lui parler s’il a un coup de mou, pour le remotiver. J’ai une certaine légitimité d’entrepreneur. Je suis né dans un milieu pauvre, j’ai gagné de l’argent. Tout euro gagné, je suis allé le chercher ».
Le jeune (30 ans) patron de cette start-up ayant son siège à Neuilly-sur-Seine compte aussi sur cet engagement externe pour entretenir la flamme de ses équipes, aujourd’hui une centaine de personnes, d’une moyenne d’âge de 27-28 ans. « C’est presque égoïste, reconnaît-il. On le fait aussi pour nous. Voir des jeunes remplis de hargne, d’esprit de revanche, cela me rappelle qu’il ne faut jamais rien considérer comme acquis et qu’il faut toujours sortir de sa zone de confort. C’est aussi une manière d’apprécier de ce que l’on a réussi à faire ».
Virage écologique et nutritionnel
Feed qui prévoit de consacrer à sa fondation Feed.back 1 % de son chiffre d’affaires, affiche une forte croissance portée par l’attrait des jeunes urbains pour des repas rapides : -2 millions d’euros la première année, 2017, dix millions la deuxième, dernier exercice connu. Actionnaire majoritaire, Anthony Bourbon a pu compter sur le soutien financier de fonds d’investissement comme Alven, Eutopia, ou encore Kima Ventures. Spécialisée dans les snacks, barres alimentaires et produits à boire se substituant à un repas, Feed propose cinquante références disponibles dans 5000 points de distribution (40 pays en ligne et 15 en magasin). Au printemps, Feed va accentuer son virage écologique – remplaçant les bouteilles plastiques par des sachets en papier recyclable à 100 % — et nutritionnel – en réduisant de moitié la teneur en sucre de ses produits.