Parmi les techniques pour favoriser le changement individuel, il y a l’écoute active. Développée par le psychologue Carl Rogers, cette écoute profonde et attentive peut permettre à une personne de trouver les réponses à ses problèmes.
L’écoute active est souvent attribuée aux travaux de Carl Rogers dans les années 1950. Rogers, l’un des fondateurs de la psychothérapie centrée sur la personne, a développé cette méthode dans le cadre de son approche thérapeutique pour créer un environnement de soutien pour ses patients. A la source, une démarche profondément humaniste. « J’écoute de manière aussi attentive, exacte et sensible que possible chaque individu qui s’exprime. Que les propos soient superficiels ou importants, j’écoute. A mes yeux, l’individu qui parle a de la valeur et vaut la peine qu’on le comprenne ; dès lors il a de la valeur pour avoir exprimé quelque chose. »[1]
Un changement de posture
Pour Rogers, le thérapeute doit être empathique et entièrement engagé dans l’écoute du client, ce qui implique une compréhension profonde, sans jugement du patient. L’empathie est au cœur de l’approche de Rogers. Le simple fait de se sentir véritablement compris et accepté peut se révéler thérapeutique en soi.
L’approche de Rogers est révolutionnaire pour l’époque ; elle contraste avec les approches plus directrices et analytiques de la psychothérapie en cours dans les années 50. Avant Rogers, de nombreux modèles thérapeutiques plaçaient le thérapeute dans une position d’expert, prescrivant des solutions ou interprétant les problèmes des clients. Rien de tout cela chez Rogers. Ce dernier considère le thérapeute comme un facilitateur du changement, dont le rôle principal est d’offrir un environnement propice au développement personnel du client. Le thérapeute est un expert de la relation et du questionnement.
Pour Rogers, les individus ont besoin de cet environnement dans lequel ils se sentent acceptés sans condition, sans jugement, sur le plan de leurs idées comme sur celui de leurs sentiments. Cette acceptation favorise le changement personnel. « Il est probable que le savoir-faire le plus difficile à acquérir dans la relation d’aide est l’art de percevoir le sentiment qui a été exprimé et d’y répondre plutôt que d’apporter son attention au seul contenu intellectuel de ce qui est dit. Dans notre culture, la plupart des adultes ont été formés à être très attentifs aux idées et pas du tout attentifs aux sentiments. »[2]
Rogers est convaincu que les individus possèdent en eux une tendance naturelle à se réaliser et à s’épanouir. Le rôle de celui qui pratique l’écoute active consiste, par sa posture, à faire prendre conscience à son interlocuteur des ressources dont il dispose pour surmonter son problème. L’écoute active, en ce sens, rend autonome.
Une compétence relationnelle essentielle
Le travail de Rogers a eu un impact considérable sur le développement de la psychothérapie, mais aussi sur les domaines de l’éducation, du management et de la communication en général. Car avec le temps, le concept d’écoute active a dépassé les limites de la psychothérapie pour devenir un élément de base dans divers contextes professionnels et personnels, comme la négociation, la médiation, le management… Aujourd’hui, l’écoute active est considérée comme une compétence relationnelle essentielle à toute communication efficace.
[1] Carl Rogers, Les groupes de rencontre, Interédition, 2006.
[2] Carl Rogers, La relation d’aide et la psychothérapie, ESF, 2010.