La crise sanitaire a fait naître un sentiment de toute-puissance et d’euphorie chez les acteurs de l’industrie technologique. Avec des milliards de personnes enfermées, le digital est devenu la voie de passage obligée pour les achats, le travail et les loisirs. Cette crise sans précédent a incité à la numérisation accélérée des activités.
Nombreux sont ceux qui ont prédit alors des gains de productivité importants, une transformation rapide des économies. Le cours de bourse de toutes les entreprises du secteur de l’information et de la communication a enregistré des croissances à deux chiffres. L’indice Nasdaq de mars 2020 à août 2021 a ainsi progressé de près de 90 %. Depuis le milieu de l’année dernière, l’atterrissage est brutal. L’indice Nasdaq a perdu le quart de sa valeur. Le cours de Zoom, une entreprise de visioconférence, a chuté de son côté plus de 80 %.
Eclatement de la bulle ?
La fin du boom digital est assez logique. Après deux années exceptionnelles, les ménages ont réduit leurs achats d’ordinateurs. Ils arbitrent de plus en plus entre les différentes plateformes de vidéos en ligne. Les achats de téléphone se réduisent. Les consommateurs sont moins férus de nouveauté que dans le passé.
Néanmoins, l’industrie du cloud computing continue de croître et devrait atteindre près de 500 milliards de dollars de chiffre d’affaires cette année, contre 243 milliards de dollars en 2019. L’offre cloud d’Amazon, la plus importante au monde, devrait augmenter de 33 % cette année. Il représente les trois quarts du bénéfice d’exploitation de l’entreprise au cours des 12 derniers mois et soutient l’activité de commerce électronique en difficulté du géant de la technologie. Ses deux concurrents, Microsoft et Google, enregistrent des augmentations de leur chiffre d’affaires de respectivement de 40 % et 36 %.
La « cloudification » de l’économie crée de nouveaux besoins en matière de cybersécurité. Les revenus des trois plus grandes entreprises de cybersécurité cotées en bourse ont presque doublé depuis le début de la pandémie. Leur capitalisation boursière après avoir triplé, n’a que faiblement baissé depuis le début de l’année.
Les paiements numériques poursuivent également leur progression. Les trois quarts des propriétaires d’iPhone utilisent Apple Pay, contre la moitié en 2019, et neuf détaillants américains sur dix l’acceptent désormais comme mode de paiement. En Europe, le rattrapage s’amorce. Près de 200 millions de personnes en Inde et en Chine ont utilisé une forme de paiement numérique pour la première fois depuis le début de la covid. Un tiers des adultes en Afrique subsaharienne a désormais un compte d’argent mobile, contre un cinquième en 2017.
En revanche, il conforte les positions des sociétés spécialisées dans les infrastructures sous-jacentes. La question est de savoir si la diffusion des techniques numériques aura des effets sur la productivité. Deux années de numérisation à outrance et de télétravail ne se sont pas accompagnées de l’essor attendu en la matière. La productivité est même en baisse, les entreprises ayant besoin de plus de salariés pour faire la même quantité de travail.
Crédit : Can Stock Photo – alexh