Le poids des dépenses publiques diffère d’un État à l’autre. Au sein de l’OCDE, il varie de 25 % en Irlande à plus de 59 % du PIB pour la France qui détient un record en la matière. Certes, le classement de l’OCDE doit être relativisé. Certaines dépenses peuvent être qualifiées de publiques dans des pays et pas dans d’autres en fonction du modèle d’organisation choisie.
Ainsi, en France, les dépenses de retraites sont à 98 % d’ordre public quand ce ratio est de 75 % en moyenne au sein des autres États membres de l’OCDE en raison du rôle plus important joué par la capitalisation. Les dépenses d’éducation ou de santé sont plus ou moins publiques selon les États. Au-delà des problèmes de classification, il n’en demeure pas moins qu’un poids élevé de dépenses publiques dans le PIB implique un rôle important des pouvoirs publics dans l’allocation du revenu national.
Au sein des pays de l’OCDE, le poids des dépenses publiques varie du simple au double, sachant que la moyenne se situe autour de 50 %. Ces dernières années, avec la pandémie et la guerre en Ukraine, les États ont accru de 3 à 5 points de PIB leurs dépenses publiques. Une légère décrue est intervenue en 2021 avec le retour de la croissance, mais le niveau de dépenses publiques reste depuis au-dessus de son niveau d’avant crise sanitaire. Ainsi, en France, le taux de dépenses publiques est passé de 56 à 62 % pour redescendre à 59 % du PIB.
Cette intervention peut se justifier au nom de la lutte contre les inégalités ou contre la pauvreté. Elle se fonde également sur le principe que l’État sait mieux que le secteur privé quelles dépenses doivent être soutenues afin d’obtenir des externalités plus importantes pour la croissance. Les pouvoirs publics seraient seuls à déterminer et à assumer le coût d’investissement dans les domaines de la transition énergétique, de l’éducation, de la formation, etc. L’implication dans la vie économique et sociale des pouvoirs publics fait l’objet de critiques. L’efficience des dépenses publiques serait faible. L’augmentation des impôts qu’elles induisent aurait des effets négatifs sur l’investissement, sur l’emploi et sur le dynamisme de l’économie. Elles anesthésieraient les inégalités plus qu’elles ne les résorberaient. Dans les années 1980/1990, les thèses néolibérales avaient en partie contribué à un recul relatif de l’État. Les privatisations ont caractérisé ce mouvement. Les dépenses sociales ont néanmoins continué à augmenter, au sein de nombreux États, tout comme les déficits publics.
Espérance de vie et dépenses publiques
Un niveau élevé de dépenses publiques devrait contribuer à une espérance de vie importante avec de moindres inégalités sociales et un service de santé publique performant. Au sein de l’OCDE, les pays à forte espérance de vie figurent aussi bien parmi les États dépensiers que les non-dépensiers. Le Japon, le Canada, l’Australie se classent au même niveau que la France quand l’Italie ou la Grèce se classent parmi les États les plus performants au niveau de l’espérance de vie.
Fécondité et dépenses publiques
Des dépenses publiques élevées signifient souvent des politiques familiales dynamiques. Or, il n’y a pas de lien évident entre dépenses publiques et taux de fécondité. L’Irlande, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis ont des taux de fécondité élevés tout comme la France.
Dépenses publiques et croissance
Depuis 2002, les États qui ont connu les plus faibles progressions de dépenses publiques ont enregistré, en moyenne, des taux de croissance plus élevés. En vingt ans, le PIB de l’Irlande a été multiplié par 2,4, en volume, avec un niveau de dépenses publiques autour de 30 % du PIB. La Nouvelle-Zélande, l’Australie, les États-Unis ou le Canada figurent dans cette catégorie. A contrario, la France, la Belgique, le Danemark, l’Italie et le Portugal se caractérisent par un niveau de dépense publique supérieure à 45 % du PIB et par un taux de croissance faible (moins de 40 % de hausse en volume en vingt ans).
Productivité et dépenses publiques
Les États-Unis et l’Irlande se distinguent par une forte augmentation de la productivité par tête depuis 2002, avec un taux faible de dépenses publiques. En revanche, des États peu dépensiers comme le Japon ou le Canada enregistrent de faibles gains de productivité. La France qui détient le record des dépenses publiques a se classe au-dessus de la moyenne en la matière.
Taux d’emploi et dépenses publiques
La France, la Grèce et l’Italie sont mal classées en matière de taux d’emploi semblant prouver une corrélation avec le niveau élevé des dépenses publiques. Le Canada, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande ou le Japon ont tout à la fois un faible niveau de dépenses publiques et un fort taux d’emploi.
Inégalités sociales et dépenses publiques
Plusieurs pays à fort niveau de dépenses publiques se caractérisent par de fortes inégalités sociales, avant redistribution. Figurent dans cette catégorie la France, la Grèce ou l’Italie. Des pays comme le Canada, le Japon ou les Pays-Bas enregistrent de moindres inégalités malgré un taux de dépenses publiques inférieur. Après redistribution, la France intègre les pays à faibles inégalités sociales tout comme la Grèce, ce qui n’est pas le cas de l’Italie.
Taux de pauvreté et dépenses publiques
En matière de lutte contre la pauvreté, les pays à fort niveau de dépenses publiques sont les mieux classés. La France, le Danemark et la Finlande qui sont sur le podium des pays à fort niveau de dépenses publiques sont également ceux qui ont les taux de pauvreté les plus faibles au sein de l’OCDE, inférieurs à 15 %. En revanche, les États-Unis, le Japon et le Canada ont des taux de pauvreté supérieurs à 20 % avec un niveau de dépenses publiques inférieur à 42 % du PIB.
Industrie et dépenses publiques
La France, la Grèce et le Danemark ont une valeur ajoutée manufacturière faible à la différence du Japon ou de l’Allemagne, ce qui donnerait un avantage aux pays vertueux. En revanche, les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou le Canada ont une industrie de faible taille tout en ayant un niveau limité de dépenses publiques. L’Italie, de son côté, se caractérise par un poids relativement important de son industrie et de ses dépenses publiques.
Éducation et dépenses publiques
Dans les classements PISA et PIAAC de l’OCDE qui mesurent le niveau de connaissance et la qualité des formations, la France, l’Italie et la Grèce sont mal notées à la différence du Japon ou de la Corée du Sud. Le Danemark, la Finlande et la Suède se caractérisant par un haut niveau de dépenses publiques figurent parmi les États les mieux notés.
Recherche et développent et dépenses publiques
La France tout comme l’Italie où la Grèce se situe en deçà de la moyenne en matière de recherche et développement lors de ces vingt dernières années. Des États à faible niveau de dépenses publiques figurent en pointe dans ce domaine, comme le Japon, les États-Unis ou la Corée du Sud. La Finlande, le Danemark ou la Suède se caractérisent également par un niveau élevé de dépenses de recherche et développement. Parmi les États ayant le nombre dépôts de brevets triadiques le plus élevé rapporté à leur population figurent le Japon, la Corée du Sud, les Pays-Bas et les États-Unis. Suivent la Suède, le Danemark et la France. Des pays à faible niveau de dépenses publiques comme le Canada ou la Nouvelle-Zélande sont mal classés.
Des pays à forte socialisation du revenu comme la Finlande, le Danemark ou la Suède obtiennent des résultats économiques au-dessus de la moyenne, à la différence de l’Italie. Les États-Unis ont opté pour un développement avec une faible contribution publique. S’ils ont de bons résultats en termes de croissance, ils sont, en revanche, à la traîne en matière de lutte contre la pauvreté. Le Japon et la Corée du Sud arrivent à concilier forte cohésion sociale et efficacité économique tout en ayant un niveau de dépenses publiques relativement faible.
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