Dès la fin des confinements, les entreprises aux États-Unis comme en Europe ont été confrontées à des problèmes de recrutement. Les indicateurs qui mesurent cette situation enregistrent des niveaux records inconnus depuis près de quinze ans. Aux États-Unis, près de la moitié des entreprises peineraient à embaucher. En France, ce ratio atteint 40 % dans le secteur du bâtiment.
Pour le moment, ce goulot d’étranglement n’a que des effets mineurs sur l’évolution des salaires. Ces derniers ont baissé en 2020 en raison du chômage partiel et de la suppression des heures supplémentaires. Ils ont depuis retrouvé leur niveau d’avant-crise. De 2019 à 2021, la progression des salaires est relativement stable aux États-Unis. Elle est faible en Allemagne et connaît une légère accélération en France et dans les autres pays de l’OCDE. Face à des problèmes d’embauche, les entreprises peuvent certes augmenter le montant des salaires, mais elles peuvent aussi investir pour améliorer leur productivité. L’impossibilité de pourvoir les postes vacants ne dépend pas que de la rémunération. Elle est également liée à la question des compétences et des conditions de travail.
Une sortie de crise plus lente en Europe
Depuis la sortie de crise, les entreprises jouent sur la productivité qui est en forte hausse aux États-Unis comme au sein de la zone euro. Si les entreprises ne peuvent pas répercuter l’augmentation de leurs coûts sur leurs prix du fait d’une forte concurrence ou d’une demande finale étiolée, elles seront plus enclines à opter pour les gains de productivité. Depuis le début de l’année, les entreprises américaines intervenant sur un marché intérieur dynamique ont eu plutôt tendance à augmenter leurs prix quand leurs homologues au sein de la zone euro ont été plus prudentes. Cette différence s’explique par la sortie plus lente de la crise en Europe. Il en résulte une inflation qui a dépassé 5 % aux États-Unis quand pour la zone euro, elle est restée proche de 2 %.
La forte concurrence joue à terme contre l’augmentation des prix. A contrario, la décarbonation de l’économie tout comme le vieillissement de la population sont propices à des hausses de prix.
Le vieillissement se caractérise par une augmentation du nombre de retraités et une moindre progression, voire un déclin de la population active, ce qui ne peut que favoriser la progression des salaires. A contrario, la tertiarisation de l’économie et l’essor de l’emploi indépendant pèsent défavorablement sur les salaires. Ces dernières décennies, le Japon a prouvé que le vieillissement pouvait être déflationniste. Le point clef pour l’évolution des prix est donc la capacité des entreprises à réaliser des gains de productivité dans les prochaines années. Logiquement, le digital et la robotisation offrent des potentiels importants qui n’ont été qu’en partie exploités.