Un plan de relance en France décidé par le Gouvernement vise tout à la fois à relancer la production française et à attirer des capitaux étrangers pour enclencher un cycle de croissance. Son succès suppose la poursuite de l’amélioration de l’attractivité de la France, la montée en gamme de la production, le relèvement des qualifications des actifs, l’amélioration des liens entre recherches fondamentale et appliquée et une maîtrise de l’endettement public comme privé.
Les classements sur l’attractivité des pays peuvent porter à caution au vu des résultats différents constatés. Ainsi, la France est mal classée par le rapport Global Business Complexity Index (GBCI). En 2020, elle figure parmi les plus mauvais pays sur 77 classés pour les investisseurs internationaux. En revanche, selon l’index mondial de l’innovation établi chaque année par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), l’Institut européen d’administration des affaires (Insead) et l’université américaine de Cornell, entre 2019 et 2020, l’économie française est passée de la 16e à la 12e place pour l’innovation. Par ailleurs, la France est le 2e pays à l’échelle mondiale qui aurait le plus progressé en termes de compétitivité numérique entre 2017 et 2019 selon le classement de « Digital Risers ». Moins contestable est le retard pris par la France au niveau des compétences de la population active. Selon l’enquête PIAAC de l’OCDE de 2016, la France se situe au 21e rang loin le Japon, la Finlande et les Pays-Bas qui occupent les trois premières places.
Au regard du niveau de production qui est assez gamme moyenne, la France doit faire face à des coûts salariaux élevés. Le coût du salaire horaire chargé est en France de 37 euros contre 30 euros en moyenne dans les autres pays de la zone euro et de 10 euros dans les pays d’Europe Centrale et Orientale. Les impôts acquittés par les entreprises représentent 20 % du PIB en France contre 11 % dans les autres pays de la zone euro.
Depuis des années, la France est handicapée par le manque de coopération entre entreprises et Etat pour développer les productions du futur. Le succès de la R&D en entreprise aux Etats-Unis et du développement de nouveaux biens et services, vient de la capacité des structures fédérales à financer la recherche et le développement avec un partage des risques. Les commandes militaires, mais aussi civiles de l’Etat jouent un rôle important. La France n’ayant pas une critique suffisante tout comme les autres Etats membres, cette fonction devrait être assumée au niveau de l’Union européenne. Les dépenses de Recherche & Développement sont trop faibles en France, 1,4 % du PIB en 2019 contre 2,2 % aux Etats-Unis. La valeur ajoutée du secteur des techniques de l’information et de la communication en France s’élève à 4 % du PIB en 2019, contre 7,5 % aux Etats-Unis.
Remise en cause du modèle
L’amélioration de la compétitivité de la France suppose une profonde mutation de la structure de l’économie. Plusieurs secteurs sont en difficulté chronique depuis de nombreuses années, la crise sanitaire n’ayant fait qu’accentuer leurs problèmes. En première ligne figure l’automobile dont les deux constructeurs ont connu ces dix dernières années des déboires tout en étant contraints de délocaliser une part grandissante de leur production. La pharmacie, l’informatique, l’électronique, l’informatique, le textile la distribution sont également confrontés à une remise en cause de leur modèle. La crise sanitaire a révélé la faiblesse de l’aéronautique quand elle met à rude épreuve les filières touristique et culturelle. La période des taux d’intérêt bas n’est et ne sera pas sans conséquence sur l’ensemble du secteur financier qui occupe une place importante au sein de l’économie française.
La restructuration de l’économie française devrait s’accélérer avec une nécessaire requalification d’un nombre non négligeable de salariés, faute de quoi le chômage structurel augmentera fortement. La politique économique du gouvernement a de fortes chances d’être schizophrène en favorisant d’un côté la transition énergétique et de l’autre en aidant des entreprises en difficulté. Plus de 12 % des entreprises sans l’appui de l’Etat seraient à court et moyen terme amenées à disparaître. Le secteur de l’automobile avec l’ensemble des sous-traitants est en première ligne. Un effort important en matière de formation devrait être réalisé en synergie. La question du reclassement des salariés les plus âgés ne sera pas évidente à traiter. En outre, les nouveaux emplois essentiellement tertiaires ne sont pas localisés aux mêmes endroits que ceux amenés à disparaître.