L’instauration d’un confinement généralisé durant tout le mois d’avril aura une incidence sur la croissance française. Le ministre de l’Économie, Bruno le Maire, a été contraint de reconnaître qu’en l’état l’objectif des 6 % de croissance n’était plus réaliste. Il estime qu’elle sera néanmoins de 5 % pour l’ensemble de l’année après la contraction de 8,2 % en 2020. Initialement, avant le deuxième confinement, le gouvernement estimait que le taux aurait pu atteindre jusqu’à 8 % cette année. Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a, de son côté, déclaré maintenir sa prévision de 5,5 % de croissance pour 2021 à la condition que les restrictions ne durent pas au-delà de début mai.
Du fait du maintien des aides aux ménages et aux entreprises durant l’ensemble du premier semestre, le déficit devrait atteindre 9 % du PIB cette année, et non 8,5 % comme initialement prévu. La dette publique devrait passer 115 à 118 % de 2020 à 2021.
Le ministre de l’Économie a indiqué que le montant des aides publiques au mois d’avril devrait atteindre 11 milliards d’euros. Il a confirmé leur maintien durant toute la crise sanitaire. Leur suppression sera par ailleurs progressive. Concernant le plan de relance, sur les 100 milliards d’euros prévus en septembre, la moitié devrait être dépensée cette année. Il a regretté la lenteur de certains pays européens pour ratifier le fonds de relance européen de 750 milliards d’euros. Le retard pris pourrait priver la France de 5 milliards d’euros en juillet.
Un lent retour vers la normale dans l’aérien
Dans un contexte sanitaire encore dégradé, le secteur du tourisme demeure fortement pénalisé. La France, en tête pour l’accueil des touristes étrangers, est évidemment fortement touchée ligne que ce soit au niveau de l’hôtellerie ou des transports. Depuis un an, Air France a été contrainte de réduire son activité de 70 %. Le retour à la normale mettra certainement de nombreux mois, voire des années. À défaut d’aides publiques, les grandes compagnies internationales ne sont pas rentables compte tenu de leurs charges. Pour éviter un dépôt de bilan, le gouvernement est conduit à soutenir Air France. Le ministre de l’Économie a, en effet, confirmé l’adoption d’un nouveau plan de sauvetage d’Air France qui a été approuvé par la Commission européenne. Ce projet prévoit une recapitalisation de la compagnie à hauteur de quatre milliards d’euros aboutissant au doublement de la participation de l’État à l’entreprise. La recapitalisation prend la forme d’une conversion du prêt d’État de 3 milliards d’euros déjà accordé par la France en un instrument de capital hybride ainsi qu’une augmentation de capital ouverte aux actionnaires existants et au marché dans la limite d’un milliard d’euros. L’État détiendra un peu moins de 30 % du capital d’Air France, contre 14,9 % aujourd’hui. En contrepartie, Air France cédera 18 créneaux de vols à d’autres compagnies sur l’aéroport parisien d’Orly (soit 4 % de ses créneaux à Orly). 8 500 emplois devraient être supprimés d’ici 2022 au sein des compagnies Air France et Hop, suppressions prévues dans le cadre du plan de transformation du groupe. La compagnie devra également réduire de 50 % ses émissions de CO2 par passager et par kilomètre d’ici à 2030. En 2020, Air France avait reçu 7 milliards d’euros d’aides de l’État. Après une perte de 3,6 milliards d’euros en 2020, la direction de la compagnie estime qu’elle s’élèvera à au moins 2 milliards d’euros cette année, sachant que sur le premier trimestre, elle a déjà atteint 1,3 milliard d’euros. L’entreprise dit disposer d’une solide liquidité et de lignes de crédit de 8,8 milliards d’euros à fin février lui permettant de faire face à des pertes s’élevant de 100 à 200 millions d’euros par mois. D’autres entreprises comme la SNCF ou la RATP pourraient être, dans les prochaines semaines, être confrontées à des problèmes de financement tout comme certaines grandes entreprises du secteur du tourisme.
Le gouvernement table comme l’ensemble des acteurs économiques, sur une levée des contraintes progressivement à partir du mois de mai. Le retour à la normale sera certainement plus lent que lors de la saison estivale 2020. L’espoir était alors d’une épidémie avec une seule vague, ce qui a été depuis malheureusement démenti par les faits. L’obligation du test ou de la vaccination pour fréquenter des lieux publics pourrait s’imposer à l’intérieur des pays. Il est peu probable que le tourisme international puisse réellement reprendre dès cet été. L’existence de nombreux foyers épidémiques en Occident et la multiplication des variants seront des freins à la normalisation. L’optimisme qui aujourd’hui anime les marchés qui se nourrit des anticipations de reprise est certainement un peu exagéré. L’accumulation des plans de relance aura évidemment un effet positif de la croissance, mais l’épidémie risque malgré tout de gêner encore pour quelques mois l’activité économique.