En ces temps de crise, la France ne s’épargne pas les polémiques inutiles. Le décès d’Uderzo nous rappelle que nous restons d’inlassables Gaulois prompts à la division et aux polémiques inutiles.
En quelques semaines, les masques, les tests ainsi que la chloroquine ont enflammé les chaînes d’information et les réseaux sociaux. Sans événements sportifs, sans activités de loisirs ni de consommation, nous n’avons pas de nombreux sujets de discussion, hormis ceux attachés au coronavirus. La modestie et la prudence devraient guider nos propos. À preuve du contraire, nous ne sommes pas 67 millions à avoir un diplôme d’infectiologue ou d’épidémiologiste. À notre corps défendant, les membres du corps médical ne devraient pas demander à l’opinion de les départager sur les solutions à apporter à la crise sanitaire. Sur les masques, nous sommes fantastiques. Après avoir été vouée aux gémonies pour avoir dépensé sans compter en masques et en vaccins, afin de lutter contre le H1N1 en 2009, Roselyne Bachelot est désormais encensée. Comme quoi, entre la haine et la passion, le couloir est étroit.
Nous nous délectons de notre malheur et de nos erreurs réelles ou supposées, actuelles et à venir.
Le Gouvernement devrait soumettre à autorisation la pratique d’un de nos sports favoris : l’autodénigrement. Nous nous délectons de notre malheur et de nos erreurs réelles ou supposées, actuelles et à venir. Cette attitude ne concerne pas exclusivement la santé. Elle s’applique également à l’économie. De nombreux économistes et le Ministre de l’Économie lui-même prédisent que cette crise pourrait être pire que celle de 1929. En l’état actuel, il est pourtant bien difficile d’établir une projection à trois ou six mois. En revanche, répéter que demain sera effroyable ne peut que contribuer à l’autoréalisation de cette macabre prophétie.
Face aux défis sanitaire et économique, deux tentations nous menacent, celle de l’étatisation et celle du protectionnisme. L’étatisation est aujourd’hui réclamée à cor et à cri. Quand l’épidémie sera endiguée, le repli de l’État dans la gestion courante n’est pas garanti. Les habitudes prises et les territoires conquis sont difficiles à abandonner et à rétrocéder en France, pays où le jacobinisme est un trait de caractère. Cette crise permet également à certains de vendre l’idée, facile et souvent populaire, du protectionnisme. Le libre échange est aujourd’hui accusé de tous les maux quand nous lui devons une grande partie de notre croissance et de notre pouvoir d’achat depuis plus de 70 ans. Oser croire que la France puisse s’auto-suffire en tout est une vue de l’esprit dont la réalisation, même partielle, aurait des conséquences considérables en termes de croissance et de niveau de vie.