En 2017, 43 % du total des emplois se concentrent dans les onze plus grandes villes et leurs aires d’attraction, 23 % dans l’aire de Paris et 20 % dans les dix autres aires de plus de 700 000 habitants. Entre 2007 et 2017, l’emploi a été plus dynamique dans les dix plus grandes aires de province que dans le reste du territoire et dans l’agglomération parisienne, leur part dans l’emploi total a augmenté de 1,3 point. Les métropoles Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Rennes ainsi que Lyon ont connu les croissances les plus fortes au niveau des emplois.
En 2017, sur l’ensemble du territoire national, les fonctions de décision, de conception et d’intermédiation (gestion, conception-recherche, prestations intellectuelles, commerce interentreprises, culture-loisirs) représentent 26,4 % de l’emploi. En augmentation constante depuis 1982, ces fonctions se concentrent au sein des grandes villes. Des années 1990 jusqu’aux années 2010, les grandes métropoles en région ont réduit leur écart avec Paris en ce qui concerne les emplois de direction. La part des fonctions de décision et de création dans l’emploi s’est en effet accrue dans les dix grandes métropoles régionales plus vite que dans les autres catégories d’aires d’attraction, 31,0 % en 2017, contre 28,5 % en 2007.
Des spécialisations apparaissent au niveau des agglomérations. Paris conserve une forte avance pour les emplois liées aux activités intellectuelles, les loisirs et la mode. La conception et la recherche sont très présentes à Grenoble et à Toulouse. Paris est en déclin dans ces domaines sauf au niveau de deux de ses bassins d’emploi, le Plateau de Saclay et Melun-Sénart. Lyon s’est spécialisé dans le commerce interentreprises.
L’aire de Paris, toujours en tête pour les emplois de cadres
Les cadres se concentrent dans l’aire de Paris et dans les plus grandes aires de province. Dans l’aire de Paris 30,5 % des emplois sont des emplois de cadres, contre 10,5 % dans les aires de moins de 50 000 habitants. Les grandes agglomérations dotées de nombreux établissement d’enseignement et de santé ainsi que des fonctions de direction des entreprises se caractérisent par une forte proportion de cadres. Cette dernière varie ainsi selon la taille des aires entre 4 % et 21 % de l’emploi (hors Paris). Seules trois aires urbaines ayant moins de 700 000 habitants disposent d’une proportion de cadres supérieure à la moyenne, Cannes-Antibes avec la présence du technopôle de Sophia Antipolis ; Niort avec les mutuelles d’assurance et Lannion avec le pôle de télécommunications. Dans les aires de moins de 50 000 habitants, la part de cadres en général faible et nettement inférieure à la moyenne. En dehors des agglomérations urbaines d’importance, la proportion de cadres n’est forte qu’au sein des villes ayant sur leur territoire une centrale nucléaire ou des établissements industriels de grande taille.
Les emplois de direction et de conception au sein des très grandes agglomérations des fonctions métropolitaines se concentrent dans les communes centres sauf dans l’aire de Paris où un éclatement sur plusieurs sous-pôles se développe. La métropole de Marseille se caractérise par deux grands sous-ensembles, Marseille et Aix en Provence. Toulouse avec Blagnac concentre les emplois de direction quand ces derniers se répartissent de manière plus diffuse à Lille. Sur ces dernières années, Euralille a eu tendance à récupérer des emplois de direction qui se situaient auparavant dans l’aire de Paris ou dans a périphérie de Lille. Depuis cinq ans, avant même la crise sanitaire, l’attractivité des métropoles était en baisse. L’augmentation du coût du foncier ainsi que les problèmes liés aux transports et de sécurité induisent une évolution sensible sur les mouvements de population et les créations d’emploi.
Depuis 2011, Paris a perdu plus de 60 000 habitants effaçant vingt années de progression. La capitale est devenue une ville de plus en plus à dominante touristique avec le départ des sièges sociaux pour la proche périphérie (La Défense, Plaine Saint Denis, Aubervilliers, etc.) et le départ des centres de recherche en périphérie, voire en province. La désindustrialisation a fortement touché ces dernières années la région parisienne avec la fermeture d’usines d’automobiles. La crise sanitaire qui se traduit par l’arrêt des transports internationaux, l’absence d’activités touristiques, le développement du télétravail touche plus durement la région parisienne que les autres régions (à l’exception de la Corse et des DROM). Pour la première fois selon une enquête du cabinet « HelloWork », l’île de France n’est plus en tête en matière de création d’emplois ; elle est devancée par Auvergne — Rhône-Alpes. Les Pays de la Loire, même si en volume, elle se classe troisième, enregistre une forte croissance des créations de postes quand la région parisienne connaît la plus forte décroissance en France. Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur, du fait de la baisse des activités touristiques, doivent faire face également à une diminution des offres d’emploi. Le poids des grandes métropoles dans la création d’emplois est en nette diminution au premier trimestre 2021. Les dix principales concentrent 33 % des offres d’emploi contre plus de 36 % les années précédentes. Ces dernières années, le poids des métropoles avait tendance à augmenter. Pour les emplois en CDD et CDI, le Grand Paris reste en volume la première en matière de création. Il devance la Métropole de Lyon, Nantes Métropole et la Métropole Marseille-Aix. Le Grand Paris est en baisse de 4 points quand la métropole lyonnaise bénéficie d’un gain de deux points.
Le tour aux villes moyennes ?
L’étude de HelloWork souligne que des villes de taille moyenne, autour de 100 000 habitants connaissent un fort dynamisme en termes d’emplois. Figurent dans cette catégorie, La Roche-sur-Yon, Cholet, Niort, Angers, Annecy, Reims, Vannes et Ajaccio. Ces villes qui connaissent une forte augmentation de leur population concilient qualité de vie et emploi. Elles sont particulièrement attractives pour les cadres et les familles. En région parisienne, les villes comme Saint-Germain-en-Laye, Orsay, Sceaux, Bourg-la-Reine ou Nogent-sur-Marne attirent de nombreux ménages du fait de la présence de transports en commun (actuels et à venir dans le cadre du Grand Paris), d’établissements d’enseignement de bonne qualité et de services de proximité. La crise devrait accélérer la recomposition du territoire français avec une stabilisation voire une décrue des grandes métropoles. Le vieillissement de la population y concourra, les seniors ayant une appétence à s’installer à proximité des côtes. Les migrations de population déplacent les emplois, en particulier les emplois domestiques. Les services de santé, les commerces de proximité s’adaptent à la nouvelle répartition des populations. Les anciens résidents des métropoles souhaitent disposer de la même qualité de service dans leur nouvelle ville d’accueil, ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes. Le développement des livraisons à domicile voire des vendeurs ambulants s’arrêtant aux pieds des habitations sont la conséquence de la dispersion accrue de la population au sein du territoire.