Avec la crise sanitaire, la « déglobalisation », les relocalisations ou la réindustrialisation sont des thèmes à la mode au sein de l’OCDE. Les pouvoirs publics entendent réduire la dépendance de leur pays à l’encontre de la Chine en particulier. Au-delà de la recherche d’une plus grande indépendance, le souhait est également de capter des emplois à forte valeur ajoutée avec une renaissance de l’industrie.
Ces dernières années, la mondialisation s’est imposée au nom des avantages comparatifs. Elle a permis de réduire les coûts, en exploitant au mieux les atouts des différents pays. Sa remise en cause n’est pas sans conséquence sur l’évolution des pouvoirs d’achat et donc sur la croissance.
En vingt ans, la France a augmenté le poids de ses importations hors OPEP et Russie de 4 points de PIB (22 % du PIB en 2020, contre 18 % en 2000). Sur cette même période, la hausse a été de près de 3 points pour la zone euro (respectivement 15,6 et 13 %) et de 2 points pour les États-Unis (12 et 10 %). Les importations en provenance des pays émergents sont passées pour la France de 1998 à 2020 de 2,5 à 6 % du PIB, celles de la zone euro de 4 à 10 %, et celles des États-Unis de 4 à 7 % du PIB.
Ecosystème industriel et appétence pour l’innovation
La désindustrialisation a été significative en France comme aux États-Unis. L’emploi manufacturier au sein de l’emploi global est ainsi passé de 14 à 9 % en France de 1998 à 2020, et de 14 à 8 % aux États-Unis. Grâce à l’Allemagne, la décrue est moins forte pour l’ensemble de la zone euro (respectivement 18 et 13 %). Or, les salaires dans l’industrie sont traditionnellement plus élevés que dans les autres secteurs d’activité. Pour la zone euro, l’écart est de 30 %. Il est de 25 % en France et de 12 % aux États-Unis. La diminution du nombre d’emplois au sein du secteur manufacturier pèse donc sur le niveau de vie des actifs. En contrepartie, la mondialisation a permis d’importantes économies qui ont été redistribuées sous forme de baisse des prix et de hausse des dividendes.
La progression du niveau des compétences de la population active au sein des différents pays asiatiques explique également les délocalisations. La présence d’un écosystème industriel (comme en Chine) avec une appétence élevée à l’innovation a contribué par ailleurs à l’implantation en Asie de nombreuses usines. En matière de recherche et développement, la Corée du Sud arrive largement en tête au niveau mondial en y consacrant 4,5 % de son PIB en 2020. Elle devance le Japon (3,2 %), les États-Unis (3 %), la Chine (2,2 %) et la zone euro (2 %).
La création d’emploi reste faible dans l’industrie
L’engagement d’un processus de déglobalisation avec réimplantation d’usines industrielles au sein de l’OCDE suppose de multiples efforts dans la recherche, l’investissement et la formation. En France, l’industrie peine à trouver des ingénieurs et des techniciens. Les collectivités locales doivent, en outre accepter, l’installation d’usines sur leur territoire. Les populations sont de plus en plus réticentes à la présence d’établissements industriels en raison des nuisances qu’ils peuvent générer. Un an et demi après le début de la crise sanitaire, le processus de réindustrialisation ne s’est pas encore enclenché. Au contraire, les déficits commerciaux, notamment celui de la France, s’accroissent. Les créations d’emplois dans le secteur industriel demeurent faibles voire inexistantes. Les investissements s’ils sont en hausse ne permettent pas de garantir une réindustrialisation. La production industrielle tarde, en particulier en France, à revenir à son niveau d’avant crise.
La réindustrialisation nécessite du temps et de l’énergie avec une mobilisation d’un très grand nombre d’acteurs.