Avant même la crise sanitaire, que ce soit aux États-Unis ou en Europe, les taux d’épargne des ménages étaient orientés à la hausse. Outre-Atlantique, il avait doublé depuis la crise financière pour se rapprocher de 10 % du revenu disponible brut. Avec l’épidémie, il a atteint 20 % en cours d’année 2020. Pour la zone euro, ce taux qui était de 13 % avant crise s’est élevé à plus de 20 % l’année dernière. L’épargne « covid » est une épargne subie et de précaution. Elle a pris la forme d’encaisses monétaires.
L’encours des dépôts des ménages s’élevait aux États-Unis à 14 000 milliards de dollars fin 2020 et à 8 000 milliards d’euros pour la zone euro. Si les ménages décidaient de remettre dans les circuits de consommation une part importante de la cagnotte « covid », la hausse des prix pourrait s’accélérer même si, en l’état, l’industrie dispose de capacités de production excédentaires. Si les ménages privilégient les actifs financiers et immobiliers, le prix de ces derniers continuera à augmenter.
Recommencer à se faire plaisir
Les ménages ne devraient pas désépargner en 2021. En fonction de la normalisation de la situation économique et sanitaire, ils pourraient être amenés à réduire leur effort d’épargne. Par définition, une grande partie de la consommation perdue depuis le mois de mars dernier ne sera pas rattrapée. Cela concerne le secteur tertiaire. Il n’est pas possible d’aller plusieurs fois par jour au restaurant, au théâtre ou prendre plusieurs chambres pour une même nuitée. Certes, si l’épidémie est rapidement éradiquée, les ménages souhaiteront de retrouver leur vie d’avant et pourront se faire plaisir avec d’autant plus de facilité qu’ils auront d’importantes liquidités à consommer.
Néanmoins, les dépenses plaisirs n’effaceront pas le manque à gagner des douze derniers mois. Par ailleurs, après une crise, les taux d’épargne peuvent baisser, mais jamais fortement. Après la crise des subprimes et celle des dettes souveraines, le taux d’épargne a même eu tendance à remonter après une petite décrue. Les ménages pourraient conserver une forte enveloppe d’épargne de précaution par crainte d’une nouvelle détérioration de la situation sanitaire ou d’une augmentation des impôts rendue nécessaire pour financer le surcroît de dépenses publiques.
Dans ce contexte, le dégonflement de la cagnotte « Covid » sera long et partiel. La consommation devrait connaître dans les prochains mois des variations au gré des vagues de l’épidémie. Un léger rebond sera sans nul doute perceptible au cours du second semestre alimenté par le retour à la normale et la mise en œuvre des plans de relance. Le prix des actifs devrait poursuivre sa hausse compte tenu des perspectives de croissance et de l’importance des liquidités disponibles.