La transition énergétique est indispensable pour tenter de maîtriser le réchauffement climatique. Pour autant, elle n’est pas une bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat des ménages. Elle est propice à l’inflation et nécessite la réalisation de nombreux investissements tant de la part du secteur public que du secteur privé. Ce surcroît d’investissement peut aboutir à une déformation du partage du PIB qui se fera au détriment de la consommation et donc des ménages.
L’économie française est censée être neutre en émissions nettes en carbone en 2050. D’ici 2030, ces dernières devront être réduites de 55 % par rapport à leur niveau atteint en 1990. Pour atteindre ces objectifs, des investissements importants devront être réalisés afin d’accroître la production d’énergies renouvelables, moderniser les réseaux de distribution de l’énergie, décarboner l’industrie et isoler les bâtiments. Le besoin d’investissement dédié à la transition énergétique est évalué, chaque année, entre 3 et 5 points de PIB. Dans un premier temps, ces investissements ont une rentabilité faible. Les énergies renouvelables exigent la réalisation d’équipements redondants ou supplémentaires pour faire face à leur production aléatoire. Le stockage de l’énergie est coûteux tout comme le maintien de centrales de production d’énergie électrique en veille afin de se substituer, le cas échéant, à une absence de vent ou de soleil. La transition énergétique suppose l’adaptation des réseaux électriques avec la multiplication des centres de production. Il faut également équiper le territoire de bornes de recharge des véhicules. Pour l’industrie, les investissements à réaliser sont importants. De nombreux secteurs sont amenés à revoir de fond en comble leur mode de production, l’automobile, la sidérurgie, les cimenteries, la chimie… La rentabilité des entreprises sera également obérée par l’obsolescence accélérée des équipements réalisés ces dernières années.
Tensions sociales en perspective
Si les entreprises veulent maintenir leur rentabilité, elles seront tentées de freiner les revalorisations salariales, ce qui diminuera le montant global de la consommation, à moins que les ménages puisent dans leur épargne. Cette situation pourrait provoquer une multiplication des tensions sociales. Celles-ci seront d’autant plus vives que l’inflation perdurera. Pour le moment, cette dernière est avant tout la conséquence du rebond brutal de l’économie après la période de confinements. La transition énergétique pourrait néanmoins contribuer à une hausse durable des prix.
Les énergies renouvelables sont plus coûteuses que celles qui sont carbonées. Les producteurs seront conduits à répercuter les coûts des investissements. La hausse du prix de l’énergie réduira le pouvoir d’achat des ménages, en particulier des plus modestes, qui consacrent une partie importante de leur revenu à acheter de l’énergie. Les dépenses énergétiques représentent moins de 6 % des dépenses pour les 20 % des ménages les plus aisés contre 15 % pour les 20 % des ménages les plus modestes. Ces derniers recourent plus à la voiture pour se déplacer et pour notamment se rendre à leur travail. Leur logement est, en moyenne, moins bien isolé. Le pouvoir d’achat des ménages risque d’être également pénalisé par la hausse des impôts qui sera rendue nécessaire pour financer la réalisation des infrastructures publiques.
Une gestion optimale de l’énergie
Pour atténuer les effets de la transition énergétique, les pouvoirs publics seront tentés de multiplier les aides à destination des ménages les plus modestes, ce qui pourra se traduire également par une augmentation des prélèvements. Le choix sera alors soit de taxer le capital dont la rentabilité sera amputée, justement par la transition énergétique, soit de prélever sur les revenus du travail. L’autre option sera une réduction des dépenses publiques par non-indexation des prestations, à l’instar des pensions de retraite.
La transition énergétique du fait de son coût et de son recours à des technologies loin d’être matures, peut apparaître en soi défavorable à la croissance. Cet effet sera sans nul doute compensé par les gains de productivité attendus grâce à une gestion optimale de l’énergie.