Dans une vidéo, le blogueur Victor Ferry nous explique comment répondre à des questions difficiles. C’est un sujet qui nous concerne tous car nous pouvons tous nous retrouver en situation de répondre à de telles questions, voire à des questions hostiles. « Lorsque tu fais quelque chose, sache que tu auras contre toi, ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui voulaient le contraire, et l’immense majorité de ceux qui ne voulaient rien faire. » (Confucius). Tous ces gens, bien entendu, vont vouloir vous poser des questions et pas seulement pour vous permettre de briller et d’en dire plus.
Victor Ferry nous montre dans cette vidéo des politiques fort habiles pour se tirer d’affaire dans des situations embarrassantes. J’imagine bien que cela peut en répugner certains, de ressembler pour défendre leur cause à ceux qui apparaissent parfois comme cyniques, voire de mauvaise foi et prêts à tout. Il me vient une métaphore à cet endroit : les films de cape et d’épée que je regardais dans mon enfance. Venait toujours le moment du duel entre le héros et le méchant. Ce dernier usant comme de juste de coups tordus et déloyaux. Et le héros, déstabilisé un premier temps, finissait par reprendre le dessus et par donner une leçon à son fourbe adversaire. Cela bien entendu en usant lui aussi d’astuces et en trouvant des ressources insoupçonnées. Vouloir se parer de blanche vertu pour ne ressembler en rien à ceux que nous méprisons (ou envions, ce qui est peu ou prou la même chose), ce serait comme combattre absolument comme à l’entraînement pour notre héros et s’exposer à la félonie adverse.
La question première est donc : votre cause en vaut-elle la peine ? Si tant est bien entendu que vous avez réfléchi à la question et, en particulier, que vous savez quelle cause vous défendez. Je fais le pari que si vous trouvez l’énergie pour entreprendre, pour continuer à vous battre dans l’adversité, malgré les mille et une embûches de tout projet, alors oui, vous avez une cause. Mais peut-être que vous n’avez pas encore fait l’effort nécessaire de l’identifier et de la nommer, de la décrire, de la préciser.
Avoir une cause réarticule le monde
Avoir une cause (et le savoir) réarticule le monde. Sans cause, au contraire, nous sommes livrés à des principes généraux, le plus souvent appris dans notre enfance et pas toujours assimilés par nous, pas toujours digérés, un peu vague. Dans le jargon de mon métier, nous appelons ça des introjets, comme un truc qu’on nous a fait gober et qui subsiste, étranger, avec sa vie propre, dans notre être. Ça donne : les politiques sont tous pourris, les syndicalistes sont tous des vendus et autres généralités de cet ordre. En gros, des règles qui ne souffrent aucun ajustement à la réalité. Et qui nous paralysent dans les situations d’adversité.
Écouter Victor Ferry dans cette vidéo, est un moyen de retrouver de la liberté d’action, de la possibilité de se défendre dans des situations où, jusque-là, nous nous couchions sur le dos comme un loup qui se soumet à plus dominant que lui.
Ou bien, comme l’entrepreneur dans la vidéo face à Elise Lucet, à s’en remettre à de la langue de bois pour noyer le poisson, ce qui n’est pas toujours efficace face à une journaliste chevronnée.
Votre cause en vaut la peine
Aller au bout des choses : Victor Ferry nous propose l’exercice du Dissoi logoi, qui consiste à examiner notre point de vue et son opposé à fond : trouver les meilleurs arguments de mon côté, les meilleurs arguments de l’autre côté, défendre l’extrême de ma position, l’extrême de la position de l’autre, comme par exemple « mon produit est le meilleur des produits » (et non pas simplement un bon produit) et, de l’autre côté, « mon produit est le pire des produits ». Un effort que nous rechignons à faire de peur d’écorner l’image que nous avons de notre propre cause ; paresse qui nous conduit à être vulnérable vis-à-vis des questions difficiles.
Votre cause en vaut la peine : définissez-la, explicitez-la, défendez-la et préparez-vous !