Pour Charles Pépin, nous n’avons jamais eu autant besoin de confiance en soi. Jadis, dans les sociétés traditionnelles, chacun connaissait la fonction à laquelle il était assigné ; l’avenir d’une femme ou d’un homme ressemblait peu ou prou à celui de ses aïeux. Chacun savait quelle était sa place, son rôle. Mais avec la modernité, ce modèle a éclaté. Nous ne sommes plus prédestinés à suivre la voie tracée par les Anciens. Nous avons le choix et sommes davantage confrontés à l’incertitude, à l’hésitation, à la peur d’échouer. C’est la raison pour laquelle acquérir et développer de la confiance en soi s’avère aujourd’hui primordial.
Confiance de l’autre, en l’autre
Nous développons notre confiance parce qu’un jour, quelqu’un a mis sa confiance en nous. L’homme est un animal social. À la naissance, il a besoin d’un autre pour survivre car il n’est pas autonome au sortir du ventre de sa mère. Le nouveau-né a besoin d’un autre pour être nourri. Il lui faut un an en moyenne pour savoir marcher, quand le poulain n’a besoin que de quelques minutes. Ce rapport à l’altérité comme condition de notre développement est primordial.
Charles Pépin évoque Aristote. Pour le philosophe grec, l’ami est celui qui actualise notre potentiel. C’est grâce à lui que nous développons ce qui est en nous à l’état de germes. Prendre conscience de ses capacités nécessite de passer par l’autre. C’est parce que l’autre me témoigne sa confiance que je gagne en confiance. Pour l’alpiniste et guide de haute montagne Érik Decamp, rien de plus efficace pour donner confiance en individu anxieux avant une ascension que de le désigner premier de cordée. Ainsi reconnu, il peut dépasser son appréhension première.
Nombreux sont les exemples où des individus, artiste ou sportif, ont eu un déclic après une rencontre avec un maître, un modèle. Beaucoup de grandes histoires ont démarré après des paroles rassurante et encourageante d’un autre.
Une affaire de compétences
La confiance en soi n’est pas que relationnelle ; elle est aussi affaire de compétences ; Charles Pépin prend l’exemple des sœurs Williams. Leur père et entraîneur leur a fait répéter les mêmes gestes, pendant des années. Elles se sont entraînées toujours et encore et sont devenues les meilleures joueuses du monde.
Selon Malcom Gladwell, auteur de best-sellers, ce qui différentie les bons des excellents tient simplement à la quantité d’heures de pratique. Un bon violoniste a 4000 heures de pratique, un très bon 8000, un excellent 10 000. Idem pour un pianiste.
Gladwell en déduit la règle des 10 000 heures, seuil à partir duquel la compétence accède au niveau d’expertise. Il n’y a rien de véritablement scientifique dans l’étude sur laquelle il s’appuie (menée par le psychologue Anders Ericsson) et on ne peut ériger cette conclusion en vérité absolue, mais l’idée que l’expertise tient au niveau de pratique se vérifie souvent. Mozart était certes un génie, mais surtout un travailleur hors norme.
Si ces quatre ingrédients sont réunis, la compétence va être incorporée comme confiance. La confiance vient avec le temps, du moment qu’on développe une compétence. Elle n’est donc pas innée, mais acquise. La confiance que l’on acquiert à l’occasion d’une expertise dans une discipline peut contaminer l’ensemble de la personne. En développant notre expérience dans une pratique, nous nous confrontons à la résistance du réel et nous construisons ainsi une confiance plus globale. Un point d’appui qui nous permet de lever de plus grandes choses.
Crédit : Tima Miroshnichenko – Pexels