Mais pour le Climat, on repassera ! Car si la voiture électrique semble lentement s’imposer en France, cette transition industrielle n’est pas synonyme de transition écologique. Plutôt que de changer de technologies, changeons radicalement notre regard sur le problème.
Ça a tout d’une bonne nouvelle. Du moins, l’information est présentée ainsi. En 2023, les véhicules 100 % électriques ont représenté 16,8 % des nouvelles immatriculations, tandis que les hybrides rechargeables ont représenté 9,2 % des voitures mises en circulation. Une voiture sur quatre vendue en France en 2023 est soit 100 % électrique, soit hybride rechargeable. Les motorisations essence restent stables, alors que le diesel poursuit son déclin : seule une voiture neuve sur dix en 2023 était diesel. La transition s’accélère… Mais faut-il vraiment s’en réjouir ?
La popularité croissante du « tout électrique » se traduit par une concurrence de plus en plus rude entre constructeurs. Parmi les voitures électriques vendues en 2023, les constructeurs chinois tirent leur épingle du jeu. Dans un contexte d’inflation, le prix abordable des véhicules chinois séduit de plus en plus. Dans la bataille de l’électrique, l’industrie chinoise a pris un temps d’avance, boostée par des subventions de l’État chinois. Une victoire de la concurrence libre et non faussée.
On peut s’interroger sur de nombreux points à propos de la voiture électrique. On peut s’interroger sur son coût carbone lors de sa fabrication. Cette fabrication nécessite plus de 3,5 tonnes d’acier. Or pour fabriquer de l’acier, il faut du minerai de fer, du charbon, de la chaux et des ferro-alliages. Mais bon… Une fois fabriqué, le moteur d’une voiture électrique n’émet plus de CO2.
Vraiment ? Interrogeons-nous alors maintenant sur le coût carbone de la voiture électrique, notamment dans un pays comme la Chine où 70 % de la production d’électricité provient en grande partie de centrales à charbon. Le moteur de la voiture électrique n’émet pas de carbone. Certes. Mais quand on porte notre regard sur la production de l’électricité qui permet à ce moteur de fonctionner, parler de décarbonation paraît alors un peu abusif…
On pourrait aussi s’interroger sur la construction et l’entretien des infrastructures routières, qui nécessitent des flux de ciment très importants (une tonne de ciment = une tonne de CO2 dans l’atmosphère).
Bref, le clivage très médiatique entre pro-électriques et anti-électriques masque en fait leur accord sur le fond : rien ne doit changer en matière de mobilités. On continue de construire des voitures et des routes. Le débat porte exclusivement sur l’usage de telle ou telle technologie plus ou moins « propre », mais jamais sur le bien-fondé de la société du tout voiture.
La voiture électrique ne constitue aucunement une révolution ouvrant vers un monde ; la révolution consisterait à enrayer la logique actuelle pour repenser les mobilités autour du vélo, de l’autopartage ou des transports en commun. La révolution, ce serait aller vers un monde où le nombre de véhicules individuels en circulation, à moteurs électriques ou thermiques, baisserait drastiquement.
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