L’économie, pour beaucoup, évoque les quantités. On pense taux de croissance, indices boursiers, montants de transactions. Pourtant, dans l’ombre du sacro-saint PIB se dessine une autre vision : le Bonheur Intérieur Brut (BIB). Inspiré par le Bhoutan, le BIB interroge notre compréhension du progrès.
Le PIB, de son piédestal, mesure la valeur des biens et services produits. Il domine les discours, oriente les décisions politiques. Mais peut-on réduire le bien-être d’un pays à ses seuls mouvements économiques ? Le Bhoutan a dit non. Dans les années 1970, ce petit royaume himalayen a posé une question audacieuse : et si le bonheur était plus précieux que l’argent ? Ainsi est né le BIB, qui, au-delà d’un simple indicateur, est une philosophie. Il reconnaît que le bien-être d’une nation ne se limite pas à la richesse. Comme l’écrit Tho Ha Vinh, un chercheur qui promeut cette nouvelle approche pour le site suisse Le Courrier : « L’idée de base du BNB est relativement simple. Il s’agit de dire que le développement économique, technologique ou le progrès ne sont pas une fin en soi. Ce sont des outils qui contribuent au bien commun et au bien-être du plus grand nombre en répondant à leurs besoins légitimes. Dans nos sociétés, on pense que la croissance est un but à atteindre et on considère qu’elle profite à tout le monde. C’est rarement le cas. »
La santé, l’éducation, la culture, l’environnement, tous ces domaines sont essentiels. Le BIB les intègre tous et les rend visibles. Prenons la santé. Le BIB ne s’arrête pas à la simple accessibilité des soins. Il sonde le bien-être mental, la qualité de vie, la prévention. L’éducation, n’est plus une course aux diplômes et ne se mesure plus à l’aune de PISA. Elle vise la formation complète de l’individu, respectant son identité culturelle. L’environnement également retrouve une place ; lLe BIB mesure l’impact écologique, promeut une consommation responsable. La culture, loin d’être éclipsée par la mondialisation, est célébrée. Festivals, traditions, langues : tous sont préservés, promus.
Une performance réellement globale
Le BIB, c’est aussi une gouvernance éclairée. Il prône une participation active des citoyens, une transparence dans les décisions. Chaque voix compte, chaque avis est précieux. Évidemment, cette vision a ses détracteurs. Certains arguent de la subjectivité du « bonheur ». D’autres soulignent les défis de sa mise en œuvre. Un chantier sur lequel travailler pour les années à venir…
La démarche du Bhoutan a initié un mouvement mondial. Economistes, sociologues, politiques : tous se penchent sur le BIB et y voient une alternative, ou du moins un complément au PIB. Une manière d’envisager le développement sous un angle plus respectueux de l’homme et du vivant. Le Bonheur Intérieur Brut est un appel. Il nous invite à repenser notre vision du progrès, à chercher un équilibre, une performance réellement globale.
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