Qu’est-ce que l’effet Lisa ?

L’effet Lisa, phénomène relativement récent, fait référence à l’usage des assistants virtuels intelligents pour améliorer le bien-être mental des individus. Cette approche, nommée d’après l’acronyme «Life Improvement through Smart Assistants», se fonde sur l’interaction continue entre l’utilisateur et un assistant virtuel, capable de fournir un soutien psychologique, des rappels personnalisés, et des encouragements positifs. Les avancées technologiques dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) permettent à ces assistants de devenir des alliés précieux dans la gestion de la santé mentale, y compris celle des travailleurs. Un remède qui, cependant, ne doit pas être considéré comme une panacée.

L’effet Lisa prend racine dans les progrès fulgurants des technologies de reconnaissance vocale et d’IA conversationnelle. Les assistants virtuels comme Siri d’Apple, Alexa d’Amazon, et Google Assistant ne se contentent plus de répondre à des commandes basiques ; ils évoluent désormais pour comprendre et analyser les nuances émotionnelles des utilisateurs. Ainsi, l’effet Lisa repose sur la capacité de ces technologies à offrir une interaction empathique et personnalisée.

Concrètement, l’effet Lisa s’illustre par plusieurs fonctionnalités spécifiques. Les assistants virtuels peuvent, par exemple, rappeler à l’utilisateur de prendre ses médicaments, de pratiquer des exercices de relaxation, ou encore de suivre ses rendez-vous thérapeutiques. Plus encore, ils sont capables de mener des conversations visant à évaluer l’état émotionnel de l’utilisateur, fournissant des conseils et encouragements adaptés. Des études récentes ont montré des résultats prometteurs quant à l’efficacité de cette approche. Une recherche menée par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) a révélé que les participants utilisant un assistant virtuel pour gérer leur dépression légère à modérée ont signalé une amélioration notable de leurs symptômes. Selon le Dr. Emily Thompson, auteur principal de l’étude, « l’interaction continue et la disponibilité 24/7 des assistants virtuels offrent un soutien psychologique crucial, souvent absent dans les thérapies traditionnelles.»[1]

Et dans l’entreprise ?

On réfléchit déjà à faire bénéficier le monde de l’entreprise des bénéfices potentiels de l’effet Lisa. En effet, les entreprises sont de plus en plus conscientes de l’importance du bien-être mental de leurs employés. Intégrer des assistants virtuels au sein des environnements de travail pourrait se révéler bénéfique, notamment dans la prévention de l’épuisement professionnel. Des assistants virtuels peuvent, par exemple, rappeler aux employés de faire des pauses régulières, proposer des exercices de gestion du stress, et même fournir des conseils personnalisés pour améliorer leur bien-être au travail. Une étude de l’Université de Californie[2] a démontré que les employés bénéficiant de ce type de soutien psychologique numérique montraient une augmentation de 15 % de leur productivité et une réduction de 20 % de leur niveau de stress.

Complexité

La principale critique adressée aux assistants virtuels concerne leur capacité à véritablement comprendre et répondre aux complexités des émotions humaines. Les émotions sont souvent subtiles et multidimensionnelles, et les réponses des assistants virtuels peuvent manquer de la profondeur et de la nuance nécessaires pour traiter efficacement les problèmes émotionnels complexes. Par exemple, une personne exprimant des sentiments de dépression ou d’anxiété peut recevoir des réponses génériques qui ne capturent pas pleinement la gravité de sa situation.

Les avancées en intelligence artificielle ont permis des améliorations notables, mais les systèmes actuels peinent encore à rivaliser avec l’empathie et la compréhension humaine. Selon une étude du MIT, bien que les interactions avec les assistants virtuels puissent apporter un soutien de base, elles ne remplacent pas la nécessité d’un contact humain authentique pour des soins psychologiques plus profonds​​. Les assistants virtuels sont programmés pour détecter certains mots-clés et répondre en conséquence, mais ils peuvent manquer de contextes importants qui influencent l’état émotionnel d’une personne.

La sempiternelle question de la confidentialité des données

Une autre préoccupation majeure est liée à la confidentialité et à la sécurité des données personnelles partagées avec ces technologies. Les utilisateurs confient des informations sensibles et personnelles aux assistants virtuels, et il existe un risque de violation de la vie privée si ces données ne sont pas protégées de manière adéquate. Les données personnelles collectées par les assistants virtuels incluent non seulement des informations sur la santé mentale, mais aussi des détails de la vie quotidienne et des interactions personnelles. Même avec des protocoles de sécurité robustes, il existe toujours un risque de piratage ou de mauvaise utilisation des données. La méfiance légitime sur la sécurité des données recueillies est amplifiée par des incidents passés de violations de données dans diverses industries.

Enfin, l’utilisation excessive des assistants virtuels pour des interactions émotionnelles pourrait potentiellement réduire la fréquence et la qualité des interactions humaines. Les relations humaines jouent un rôle crucial dans le soutien psychologique et le bien-être. Cela semble évident, mais il est bon de le rappeler. Le recours accru à la technologie comme substitut aux contacts humains directs pour des raisons budgétaires et une logique de réduction des coûts, peut isoler davantage les individus. Ne mettons donc pas trop d’espoirs dans la capacité de ces technologies à se substituer au soin porté par les êtres de chair et de sang.

Crédit photo : Charles Deluvio – Unsplash


[1] Thompson, E. (2022). « Impact of Smart Assistants on Mental Health : A Study ». Massachusetts Institute of Technology Press.

[2] University of California, Berkeley. (2023). « Workplace Productivity and Mental Health Support: A New Frontier ». Journal of Organizational Psychology.

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