Toute la presse a repris l’information. Alors qu’il est d’usage en France de se morfondre sur l’état de notre économie, sur notre manque de compétitivité, sur notre déficit commercial, une bonne nouvelle vient apporter un peu de soleil dans la grisaille persistante : la France est championne d’Europe des investissements étrangers. Cocorico !
Pour la cinquième année de suite en effet, la France se distingue comme le premier choix en Europe pour les investissements internationaux. Selon le rapport annuel du cabinet EY, qui utilise les montants investis comme baromètre de l’attractivité, la France devance une fois de plus ses concurrents européens. Elle a enregistré 1 194 projets d’installation ou d’agrandissement de structures industrielles, logistiques et commerciales. Cela place la France devant des nations telles que la Grande-Bretagne, l’Allemagne, ou encore les Pays-Bas en termes d’accueil d’investissements étrangers. Bien que le total des projets ait légèrement diminué par rapport à l’année précédente, avec une baisse d’environ 5 %, ces investissements se sont révélés plus significatifs en termes de création d’emplois, avec 40 000 postes directs générés.
Si l’on adopte un prisme libéral, on ne peut que se réjouir de cette éclaircie sur le front économique. Hausse du PIB, création d’emplois, rentrées fiscales… Cependant, il y a un revers à la médaille : nous perdons en souveraineté économique au moment même où cette souveraineté devient, à juste titre, une préoccupation majeure de nos gouvernants.
Les investisseurs étrangers sont, rappelons-le, également des propriétaires étrangers. Ils sont plus soucieux de leurs actionnaires (étrangers) que du sort des Français. Quand leurs investissements ne produiront plus les intérêts escomptés, beaucoup iront sans doute voir ailleurs, là où l’herbe est plus verte et où les rendements s’annoncent plus prometteurs.
L’attractivité dépend de nombreux facteurs : services publics, éducation, fiscalité, infrastructures… Un pays se doit de veiller à tous ces facteurs s’il entend rester attractif. Pour rester attractif, il semble qu’il faille d’abord l’être auprès de sa propre population. Préserver notre indépendance tout en garantissant notre bien-être économique passe peut-être avant tout par la mobilisation de l’épargne des Français. Plutôt que de vendre le pays aux investisseurs étrangers, comment inciter les Français à mobiliser leur épargne (on parle de 6000 milliards d’euros) pour contribuer au développement économique et social du territoire sur lequel ils vivent ?
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