Au mois de mars, le CJD se mobilise pour la Jeunesse ! De nombreuses actions sont organisées en région pour faciliter l’insertion professionnelle de la jeunesse. C’est l’occasion de porter notre attention sur une étude parue récemment et qui remet en cause bon nombre de nos idées reçues sur les jeunes actifs.
Voilà au moins une enquête qui remet en cause nos certitudes et ébranle nos stéréotypes vis-à-vis de la jeunesse. On les décrit volontiers dans les médias comme paresseux, rebelles, hostiles à la grande entreprise, détachés de la fameuse « valeur travail » et engagés pour de nobles causes (tout en étant paradoxalement farouchement individualistes). Rien de tout cela, selon une étude Terra Nova-APEC publiée le 31 janvier sous le titre Un portrait positif des jeunes au travail : au-delà des mythes.
Point surprenant et inquiétant : les jeunes semblent, dans une large mesure, partager cette vision négative de leur propre génération, comme s’ils étaient influencés par la répétition incessante de ces critiques dans les médias et l’opinion publique. Plus de deux adultes sur cinq sont convaincus que l’intégration des nouvelles générations au sein des entreprises va probablement détériorer les méthodes de travail et la structure organisationnelle (à peine un sur trois estime que cela constituera une amélioration). Cette vision sombre trouve son origine dans la perception largement négative que ces adultes ont des jeunes générations : ils les considèrent comme moins loyaux que leurs prédécesseurs (73 % des 45-65 ans), moins respectueux envers l’autorité (71 %), moins engagés (66 %), plus égoïstes (59 %) et même moins solidaires (57 %). Ce pessimisme déteint sur les jeunes générations, qui intègrent ces représentations négatives.
Cependant, le portrait que dressent les jeunes interrogés concernant leur relation au travail contraste fortement et ne confirme en rien le stéréotype d’une jeunesse désinvolte, désengagée ou largement contestataire. Voici quelques enseignements de l’enquête :
- Environ la moitié des jeunes actifs considère le travail comme extrêmement ou très important, autant que d’autres aspects de leur vie. Ils sont même significativement plus nombreux que les actifs de plus de 44 ans à partager cette opinion (36 %). Cette valorisation du travail, bien que nuancée, semble s’être intensifiée chez les jeunes au cours des vingt dernières années.
- Lorsqu’on interroge les jeunes actifs sur leur préférence future entre « avoir plus de temps libre, mais percevoir moins de revenus », « avoir plus de temps libre, mais gagner moins d’argent » ou « maintenir leur situation actuelle », 48 % des jeunes actifs préfèrent la première option.
- Les actifs âgés de 18 à 29 ans montrent une plus grande disposition à travailler davantage comparativement aux actifs de 30 à 44 ans (43 %) et, de façon plus marquée, par rapport aux actifs de 45 à 65 ans (24 %).
- Les jeunes actifs expriment une satisfaction générale vis-à-vis de leur situation professionnelle ; 81 % se déclarent tout à fait ou plutôt satisfaits.
- Bien que moins bien payés que leurs aînés, les jeunes se montrent plus satisfaits de leur niveau de rémunération (60 %) par rapport aux tranches d’âge de 30-44 ans (56 %) et de 45-65 ans (53 %).
- 70 % des jeunes actifs sondés affirment avoir confiance (tout à fait ou plutôt) en leur manager ou supérieur hiérarchique direct ; et 64 % expriment la même confiance envers la direction de leur entreprise.
Ce rapport révèle que le travail et l’intégration au sein d’une entreprise sont de puissants vecteurs d’intégration sociale. Il nous invite surtout à faire davantage preuve de bienveillance envers cette jeunesse sur laquelle la société porte un regard sévère.
Crédit photo : Jason Goodman – Unsplash