Petit à petit, l’idée de décroissance progresse et gagne en crédibilité. Le 5 décembre dernier, cette idée s’est invitée au sommet de l’Etat, à Bercy, pour une journée de débats.
Sous l’égide de Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, les « Rendez-vous de Bercy », instaurés en 2017, rassemblent des experts et personnalités de stature internationale issus du secteur économique, académique et institutionnel. Ces derniers se rencontrent pour débattre et partager leurs perspectives sur des sujets importants. Les deux premiers événements, en novembre 2017 et janvier 2019, se sont focalisés sur les thèmes « Ruptures technologiques et inégalités » et « Redéfinir le capitalisme au XXI siècle, plus de richesses, moins d’inégalités ». La troisième édition, qui a eu lieu mardi 5 décembre, a abordé la question de la compatibilité entre les enjeux environnementaux (et en particulier climatique) et la croissance économique.
Enfin, le sujet est mis sur la table par ceux qui régissent la politique économique de notre pays. Cette rencontre légitime ceux qui, depuis des années, portent l’idée de décroissance. Cette dernière n’est pas une lubie de militants d’extrême gauche, mais une voie réaliste dans laquelle s’engager pour relever le défi climatique.
Mais si l’idée de décroissance fait son chemin, la route est encore longue pour que celle-ci s’impose au sommet de l’Etat. Lors de cet événement, Bruno Le Maire a en effet exprimé sa foi dans une autre idée, celle du découplage. Le découplage postule la possibilité d’une croissance économique, mesurée par une hausse du PIB, qui a lieu de manière simultanée à une baisse des consommations de ressources et des impacts environnementaux. Pour le ministre, cette croissance verte est rendue possible grâce au progrès technologique. « Je crois que nous pouvons réussir grâce à l’innovation », affirme le ministre face à Bill Gates. Une confiance qui n’est pas partagée par bon nombre d’experts présents à cet évènement. Car ce solutionnisme technique ne semble pas à la hauteur de l’enjeu et de l’urgence. N’y a -t-il pas une forme d’erreur de raisonnement dans le fait de tenter de résoudre les problèmes causés par la technique par toujours plus de technique ?
L’ensemble des interventions de cette journée peut être visionné sur le site du Ministère.