Dernier volet de notre hommage à André-Yves Portnoff en portant notre regard sur les chantiers économiques à accomplir et sur la posture que les dirigeants doivent adopter pour pérenniser leurs entreprises et contribuer à la prospérité de la nation. Des préoccupations on-ne-peut-plus actuelles.
Oser la réindustrialisation de la France en investissant prioritairement dans l’immatériel, c’est-à-dire dans l’humain
« Pourquoi la désindustrialisation s’est-elle accomplie ? « Parce que l’industrie est ressentie comme sale, dégradante, à la différence des services » témoigne Jacques Attali. A cause d’un antique mépris pour ceux qui travaillent avec leurs mains. Cela remonte à Athènes et Rome, au temps où les riches croyaient être les seuls à avoir le loisir de penser, le travail manuel étant dévolu aux esclaves. Ce mépris a fait perdre à la France la société Alcatel qui avait été leader mondial des télécommunications. Son patron de l’époque, Serge Tchuruk, a dégraissé les effectifs en poussant dehors les seniors, sans prendre garde aux expériences et aux compétences qui s’en allaient. Puis, il a cru génial d’inventer « l’entreprise sans usine ». En un an, il a fermé 90 sites industriels sur 120. Alcatel s’est effondré et a dû se vendre, il y a cinq ans, au finlandais Nokia qui, depuis, lui a déjà imposé quatre plans sociaux.
[…] Alors, faut-il investir pour réindustrialiser ? Certes, mais c’est sur les hommes qu’en France, l’on n’investit pas assez ! Car, statistiquement, les industries françaises investissent plus que leurs homologues en Allemagne, Espagne, Italie, Royaume-Uni et Pays-Bas. Mais « les performances économiques attendues des entreprises françaises ne sont pas au rendez-vous ». Ce n’est, précise l’économiste Sarah Guillou, ni à cause de la productivité horaire du travail, comparable à celle de l’Allemagne, ni à cause d’un sous-équipement en robots, identique dans les industries automobiles des deux pays. Elle souligne, avec sa collègue Caroline Mini, un autre paradoxe français : la France serait le seul pays où la part des investissements dits immatériels dépasse, depuis la crise financière, celle des investissements matériels. Mais c’est qu’en France, l’on continue à se tromper sur ce que sont les vrais facteurs immatériels. D’où l’erreur de Serge Tchuruk, il y a deux décennies, lorsqu’il justifiait la liquidation des usines et des emplois chez Alcatel en déclarant : « la valeur ajoutée manufacturière tend à décroître alors que la valeur immatérielle s’accroît sans cesse ». Lire l’intégralité de l’article.
Pour apporter de la valeur à ses prospects et clients, faire preuve d’empathie et susciter l’intelligence collective
« Comme tous les marchés, celui de la musique promet l’espoir d’un plaisir. Notre vrai métier est d’abord d’avoir assez d’empathie pour comprendre ce qu’espère, peut-être inconsciemment, le prospect, ce qui a de la valeur à ses yeux, pas nécessairement aux nôtres. Ensuite, il faut choisir les meilleures ressources disponibles pour susciter l’espoir de cet apport de valeur. Cela dépend des techniques et des ressources humaines disponibles, dans l’entreprise et en dehors de celle-ci. Aussi l’entreprise durable doit-elle marcher sur cinq pieds : apporter, que ce soit par vertu ou réalisme, de la valeur perçue à cinq parties prenantes. Ses actionnaires, naturellement, et ses clients actuels. Mais aussi le personnel, les partenaires extérieurs et le ou les territoires où l’on agit, pour être capable d’inventer les clients de demain.
L’entreprise a besoin de mobiliser assez d’intelligence collective afin de rester en éveil, être réactive, renouveler son offre, modifier, voire réinventer son modèle économique. Pour cela, elle doit fournir à chaque membre de son personnel, à ses fournisseurs, à tous les talents avec lesquels elle travaille, de bonnes raisons de consacrer une partie de leur temps de vie à penser et agir avec elle plutôt qu’avec des concurrents. De même, elle doit apporter de la valeur aux territoires où elle intervient car nul ne peut se développer durablement dans un pays qui s’effondre. Ceci signifie que des actions, comme celles du Lab Pareto initié par le CJD, sont particulièrement fécondes. En favorisant la construction de relations loyales et de confiance entre grands groupes et fournisseurs, le Lab Pareto participe à la constitution d’écosystèmes de collaborations gagnant-gagnant. De tels écosystèmes renforcent la résilience des partenaires et celle des territoires. Ils conditionnent notre capacité de développement et de rebond après des catastrophes inattendues comme celle que nous vivons! Nous ne construirons notre Renaissance que lorsque nous serons plus nombreux à préférer le réussir-ensemble à la meurtrière loi de la jungle. » Lire l’intégralité de l’article.