Les Français sont, en règle générale, sévères à l’encontre de leurs représentants nationaux (gouvernement, parlementaires) et plutôt enclins à plébisciter les échelons locaux et tout particulièrement leur maire. Ils sont néanmoins, selon plusieurs études menées par le Crédoc, de plus en plus exigeants vis-à-vis des élus des collectivités territoriales. Ils leur demandent de contribuer directement à l’amélioration de leurs conditions de vie. Ils sont, en revanche moins demandeurs d’actions en faveur du développement économique.
Ce sentiment est à mettre sur le compte du vieillissement de la population qui provoque une diminution du nombre d’actifs et une augmentation de celui des retraités. Le télétravail a également mis l’accent sur l’importance des conditions de vie. Les habitants des communes ne souhaitent pas la présence d’usines, d’éoliennes ou de panneaux solaires à proximité de leur résidence.
La nation et les communes, comme facteur d’enracinement
40 % des Français déclarent être fortement attachés à la France. La commune est jugée essentielle pour 21 % des Français. Suivent le monde (12 %), la région (12 %), le département (8 %), l’Europe (4 %) et un autre pays (2 %). Si la première place pour la France est assez logique, en revanche, celle de l’Europe marque un détachement par rapport à la construction et à l’identité européennes.
Les Français, heureux de leurs conditions de vie tout en ayant peur du déclassement de leur territoire
86 % des Français sont satisfaits de leurs conditions de vie dont 32 % très satisfaits. En 2016, 88 % pensaient ainsi. Cette légère baisse ne saurait traduire le sentiment d’une dégradation des conditions de vie en six ans. 44 % des habitants de communes rurales se déclarent « très satisfaits » de leur cadre de vie, contre 25 % des habitants de l’agglomération parisienne. Depuis 2016, la satisfaction progresse en milieu rural, mais baisse dans les grandes agglomérations.
40 % des Français ont le sentiment de vivre au sein d’un territoire délaissé par les pouvoirs publics. Ce taux est de 69 % pour ceux indiquant être ou avoir été un « gilet jaune », de 64 % pour ceux souffrant d’un sentiment d’invisibilité sociale, de 55 % pour les personnes issues des catégories les plus modestes, de 47 % des habitants des communes rurales.
Les Français, favorables à la décentralisation
75 % sont favorables à la décentralisation des politiques publiques. 35 % indiquent que cette pratique permettrait aux collectivités locales de mieux s’adapter aux spécificités de leur territoire. 33 % estiment que les décisions seraient prises plus rapidement et qu’elles seraient plus en phase avec les besoins des populations. Les tenants d’une plus forte décentralisation se situent essentiellement chez les retraités (87 %) et parmi les représentants des classes aisées (85 %).
L’environnement avant le développement économique
52 % des Français se déclarent très sensibles à l’environnement contre 12 % qui ne se disent pas du tout concernés. 40 % indiquent simplement être sensibles à cette question. Ce sont les retraités, les diplômés de l’enseignement supérieur et les habitants des grandes agglomérations qui se déclarent les plus préoccupés en la matière. Pour une majorité de Français, le développement économique ne doit pas être une priorité pour les collectivités locales. En revanche, 56 % des personnes à faibles revenus (20 % les plus modestes) jugent néanmoins nécessaire que les collectivités locales interviennent en la matière. Celles vivant dans des aires urbaines de moins de 50 000 habitants sont également de cet avis (55 %), tout comme celles qui sont en recherche d’emploi (56 %).
Le maire plébiscité
Les élus locaux sont particulièrement appréciés. 74 % des Français ont confiance dans leur maire, 57 % se fient aux conseillers départementaux, 41 % au Président de la République et 40 % au premier ministre. Les parlementaires sont les moins considérés (seulement 39 % des Français leur font confiance). Au niveau des maires, la confiance est inversement proportionnelle à la taille de la commune. 79 % des Français se fient à leur maire dans des communes de moins de 2 000 habitants contre 61 % dans les communes de 200 000 habitants.
Les élus, des représentants et non des visionnaires de la population
72 % des Français selon le Crédoc considèrent que les élus locaux doivent avant tout être à l’écoute et au service des habitants, seuls 25 % estiment qu’ils doivent porter une vision d’avenir et essayer de mobiliser les acteurs économiques pour la réaliser. Plus de 80 % des plus de 60 ans demandent à ce que les élus soient à leur écoute. C’est également le cas de plus de 75 % des personnes à revenus modestes. Les cadres et les indépendants sont plus nombreux à demander aux élus de porter un projet de développement. Au sein des territoires, 78 % des ruraux pensent qu’un élu se doit d’être à l’écoute de la population contre 68 % des habitants des grandes agglomérations.
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