Le PIB de la France a augmenté de 0,5 % au deuxième trimestre 2022, le chômage est à son plus bas depuis 20 ans, l’inflation est la plus basse de l’Union européenne. Ces résultats encourageants sont obtenus dans un contexte particulièrement difficile. Pour autant, ils pourraient bien masquer les signes de la poursuite du déclin de l’économie française avec, en point d’orgue, la dégradation continue du commerce extérieur.
Depuis le milieu de l’année 2020, l’emploi connaît une forte croissance en France. Il a augmenté de 8 % en deux ans. Cette hausse avait commencé, dans les faits, avant la crise sanitaire. En effet, une augmentation de 2 % avait été enregistrée entre 2018 et 2019. La progression de l’emploi est plus rapide que celle du PIB, ce qui induit une baisse de la productivité par tête. Celle-ci est inférieure de 4 % à son niveau d’avant crise sanitaire.
Erosion du pouvoir d’achat
La production industrielle française n’a pas compensé les pertes subies durant l’épidémie. Elle est inférieure de 10 % à son niveau d’avant 2008. L’emploi manufacturier est passé de 13 à 9 % de l’emploi total de 2002 à 2022.
Les emplois créés France ont avant tout profité aux services domestiques (services à la personne, transports, loisirs, tourisme). Ces derniers représentaient près de 40 % de l’emploi total fin 2021 contre 37 % en 2012. La France semble ainsi atteinte de la maladie hollandaise, c’est-à-dire d’une situation où la structure de l’économie se déforme de l’industrie vers les services peu sophistiqués.
Pour la France, les recettes du tourisme constitueraient une rente et provoqueraient une baisse de la productivité ainsi qu’un déficit croissant de la balance commerciale qui a atteint, en rythme annuel, plus de 100 milliards d’euros au début de l’année 2022. La seule balance des biens est déficitaire de plus de 130 milliards d’euros. Ce déficit n’est plus compensé par les excédents des services. L’autre symbole de l’attrition du secteur productif français est la faiblesse des investissements industriels, le capital se déplaçant de l’industrie vers les services.
Une économie frappée par la maladie hollandaise peut avoir un taux de chômage en baisse et un taux d’emploi en hausse, mais la qualité de cette économie se dégrade avec, à la clef, une diminution des rémunérations. À un moment ou un autre, la forte dégradation de la balance commerciale nécessitera un ajustement à la baisse de la demande globale qui est aujourd’hui soutenue par les aides publiques. Compte tenu du niveau de productivité de la France et de son déficit extérieur, une érosion de 20 à 30 % du pouvoir d’achat des ménages serait nécessaire, ce qui ne serait pas sans poser des problèmes sur le plan politique, sauf à agir de manière indolore avec l’inflation.
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