Après un arrêt sur image sans précédent, l’économie mondiale a connu un bref épisode d’euphorie en 2021, rapidement interrompu par la guerre en Ukraine. Des signes avant-coureurs en fin d’année dernière signalaient que l’économie était déjà à la peine du fait des problèmes récurrents d’approvisionnement et de recrutement. Les pays occidentaux butent sur une insuffisance de bras et sur un surcoût de l’énergie, ces deux facteurs étant la clef de toute croissance.
Aux États-Unis, la moitié des entreprises rencontre des difficultés de recrutement. En France, ce taux est de 40 %. Aux États-Unis comme au Royaume-Uni, le taux d’emploi en 2022 n’a pas retrouvé son niveau d’avant la crise sanitaire. Dans de nombreux pays, les salariés refusent les emplois pénibles, à horaires atypiques et à faible rémunération. La démographie des pays occidentaux et celle de la Chine se traduiront, dans les vingt prochaines années, par un fort vieillissement de la population et une diminution de la population active.
La transition énergétique accentue cette tendance. Les économies doivent faire face à la désorganisation des chaînes d’approvisionnement. La persistance de l’épidémie et de la politique du zéro covid en Chine provoque des goulets d’étranglement. La rareté de l’énergie, des matières premières et des semi-conducteurs ainsi que l’insuffisance de la capacité des transports génèrent des augmentations de prix. L’éclatement des chaînes de valeurs amplifie ce phénomène. La relocalisation souhaitée par de nombreux acteurs bute sur des problèmes d’investissement et de main-d’œuvre disponible.
Nouvelle donne
Cette nouvelle donne économique peut attiser les tensions au sein des États. Les demandes de revalorisations salariales devraient se multiplier tout comme le souhait des populations de ne pas supporter la taxe inflationniste. Elle peut provoquer d’amples réactions sociales parmi les pays pauvres importateurs d’énergie, de matières premières et de produits agricoles. Les pressions sur l’OPEP de la part des pays occidentaux devraient également s’accroître afin d’obtenir une augmentation de la production. Pour éviter une déstabilisation d’un certain nombre d’États en développement, les institutions multilatérales pourraient être amenées à mettre en œuvre des plans de soutien et de rééchelonnement des dettes. La hausse des taux en Occident pourrait occasionner des défauts de paiement parmi les pays pauvres, intensifiant les risques de tensions sociales et géopolitiques.
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