Plus les revenus des ménages sont élevés, plus la propension à acquérir des actifs risqués est élevée. Cette corrélation se vérifie également avec le niveau d’études et avec l’appartenance aux différentes catégories socioprofessionnelles. Et cela n’est pas sans incidence sur le mode de financement des entreprises.
Aux États-Unis, les inégalités de revenus plus importantes qu’en Europe ont pour conséquence des placements « actions » également plus élevés ce qui induit des modalités de financement des entreprises différentes. Pour les 40 % des Américains les plus modestes, le patrimoine financier moyen en actions ne dépassait pas 55 000 euros en 2019 quand il s’élevait à plus de 920 000 pour les 10 % les plus riches en revenus. Le rapport est de 1 à 10 pour l’encours de l’épargne retraite et de 1 à 18 pour celui des fonds communs de placement.
Selon l’INSEE (enquête 2017/2018), le taux de détention d’actions en direct en France passe de 4,2 % pour le premier vingtile de revenus à 26,7 % pour les ménages du dernier décile. En prenant en compte les unités de compte et les parts de fonds investis en actions, les taux respectifs sont 9,7 et 48,6 %
Les ménages modestes épargnent avant tout en actifs liquides et sans risque quand les ménages aisés épargnent davantage en actions et autres actifs risqués. Le poids des actions et obligations d’entreprises est plus élevé dans l’épargne des Américains que dans celle des Européens. L’encours des actions détenues par les particuliers représente 250 % du PIB aux États-Unis, contre 60 % du PIB en zone euro. Dans cette dernière, les actifs sans risque (actifs liquides, obligations) pèsent 180 % du PIB, contre 150 % du PIB aux États-Unis.
En Europe, le recours au crédit pour le financement des entreprises s’inscrit dans une longue tradition. Les banques ont depuis le XIXe siècle joué un rôle clef dans l’essor de l’économie. Avec les assureurs, elles ont joué un rôle traditionnel d’intermédiation. L’importance du financement bancaire s’explique également par la prudence des ménages. Les moindres inégalités de revenus pourraient expliquer la non-exportation du mode de financement américain à l’Europe.
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