Après la crise de la Covid et avec la guerre en Ukraine, les pays de l’OCDE maintiennent des déficits publics élevés. En cas de déficit public, il y a nécessairement hausse d’un impôt pour assurer la soutenabilité de la dette publique. Celui-ci peut prendre plusieurs formes, soit une augmentation réelle des prélèvements obligatoires, soit l’apparition d’une taxe inflationniste appliquée sur les détenteurs de liquidités et sur les porteurs d’obligations avec les taux d’intérêt inférieurs à la croissance.
le déficit public des pays de l’OCDE devraient se situer autour de 8 % du PIB en 2022, contre 2 % en 2019. Défense, santé, réindustrialisation, transition énergétique, formation, retraites, indépendance énergétique sont autant de secteurs pour lesquels les dépenses publiques vont augmenter durablement. En vingt ans, la dette publique des pays de l’OCDE a doublé, passant de 75 à 130 % du PIB. Pour assurer, sur longue période, la soutenabilité de la dette publique, les États sont contraints de passer par une hausse des impôts et des taxes.
Taxe inflationniste, taxe indolore
La stabilisation de la dette suppose l’élimination du déficit public primaire (hors intérêts sur la dette) qui atteint 5 points de PIB pour l’OCDE. Le taux moyen de prélèvements obligatoires est de 32 % du PIB pour les États membres de l’organisation. Pour la France, ce taux est de 45 % du PIB. Les marges de manœuvre sont réduites en la matière. Les gouvernements opteront sans nul doute pour une taxe indolore, la taxe inflationniste. Celle-ci joue le même rôle que les impôts en réduisant le pouvoir d’achat des ménages et en diminuant le poids de la dette publique au sein du PIB.
L’inflation constitue également une taxation des détenteurs d’obligations quand le taux d’intérêt nominal est inférieur à la croissance nominale, ce qui est le cas actuellement. En nominal, la croissance au sein de l’OCDE dépasse 7 points et les taux d’intérêt à 10 ans sur les emprunts d’État sont inférieurs à 2 points d’où un écart de 5 points. Compte tenu des volumes importants de dettes publiques, la taxe sur ses détenteurs atteindrait près de 10 points de PIB.
L’inflation met à contribution les possesseurs de liquidités et d’épargne investie en produits de taux. Elle pénalise également les consommateurs en réduisant leur pouvoir d’achat. La taxe inflationniste impose d’épargner plus pour reconstituer la valeur réelle des encaisses monétaires. Elle diminue les revenus de l’épargne issus des produits de taux si ces derniers restent faibles comme c’est le cas actuellement. Les intérêts reçus par les ménages, au sein de l’OCDE, sont passés de 3,5 % à 1,7 % du PIB de 2007 à 2021.
L’inflation se nourrit des déficits publics qui sont financés par la création monétaire, elle-même rendue possible par les rachats d’obligations par les banques centrales. Ces dernières veulent au plus vite suspendre ces rachats pour casser la spirale inflationniste. Les États seront par conséquent censés réduire leurs besoins de financement et devront davantage se tourner vers les marchés. Avant le 1er tour, certains candidats à l’élection présidentielle en France jugeaient possible de poursuivre – voire d’amplifier – le financement monétaire des déficits.
Une telle option, au-delà de la mise en tension de la zone euro, ne ferait qu’alimenter l’inflation. Pour en compenser les effets sur les ménages, l’État serait contraint d’accroître sans fin les dépenses publiques et les déficits, ce qui ne ferait qu’accélérer la hausse des prix.
Crédit Photo : Les Danaïdes par John William Waterhouse, 1903