Depuis des années, la priorité des gouvernements est d’améliorer le taux d’emploi et de diminuer le nombre de chômeurs. En France, la politique de l’emploi a privilégié les actions en faveur de l’emploi non qualifié.
Les résultats de cette politique sont ambigus, la France se caractérisant par un taux de chômage élevé et un nombre d’emplois sans qualification élevé. Plusieurs études, notamment celles de l’OCDE, soulignent un lien fort entre niveau de compétences des actifs et taux d’emploi. Un effort accru en matière de formation initiale et continue apparaît comme la meilleure solution pour réduire le chômage sur la durée. Il a comme caractéristique de ne porter ses fruits que sur le moyen et le long terme quand les gouvernements ont besoin de résultats immédiats.
Les conséquences néfastes d’un taux d’emploi faible
Depuis de nombreuses années, la France, comme l’Italie ou l’Espagne, est pénalisée par un faible taux d’emploi. Il est inférieur de plus de dix points à celui de l’Allemagne, du Japon ou de la Corée. Il est à souligner que les États-Unis sont assez proches de la France. Un faible taux d’emploi a de multiples conséquences. Il entraîne un manque à gagner des recettes publiques (cotisations sociales, impôt sur le revenu). Un faible taux d’emploi contribue également à une inégalité de revenus avant redistribution importante obligeant les États concernés à y remédier en multipliant les prestations sociales. Cette compensation induit un niveau important de prélèvements obligatoires qui pèse sur la compétitivité des pays concernés. Si le taux d’emploi est faible, la production par habitant l’est aussi. Le PIB par habitant de la France représentait, fin 2021, 85 % de celui de l’Allemagne. Pour l’Italie et l’Espagne, les taux respectifs sont de 70 et 60 %. Les écarts avec l’Allemagne tendent à s’accroître au fil des années.
Le niveau des compétences à l’origine des écarts de taux d’emploi
Le taux d’emploi est en lien direct avec le niveau des compétences de la population active et avec celui des prélèvements obligatoires pesant sur les entreprises et le travail. Le Japon, les Pays-Bas, la Finlande, la Suède ou l’Autriche qui obtiennent les meilleurs résultats selon l’enquête sur les compétences de l’OCDE (PIAAC) se caractérisent par des taux d’emploi supérieurs à 67 %, quand la France, l’Italie et l’Espagne figurent au-delà de la 20e place de ce classement avec des taux d’emploi inférieurs à 62 %. La France, l’Italie et l’Espagne sont également les trois pays de l’OCDE où les cotisations sociales et les impôts sur la production sont les plus élevés.
Le faible niveau des compétences s’explique en grande partie par celui de la formation initiale et par le nombre important de jeunes sans formation et sans emploi. Les pays qui ont les plus mauvais résultats à l’enquête OCDE sur la formation initiale (PISA) sont ceux qui ont également de mauvais résultats à l’enquête PIAAC. Les efforts entrepris par la France en matière d’apprentissage commencent à porter leurs fruits.
La réindustrialisation des pays occidentaux, la progression des revenus sur longue période et le financement des dépenses publiques supposent un effort important en matière de formation initiale et continue. Les emplois dans l’industrie ou dans l’informatique passent également par une augmentation du niveau dans les sciences et dans les mathématiques.
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