Le chercheur Navi Radjou a produit un rapport publié par Terra Nova qui montre comment, en partageant judicieusement leurs ressources physiques et immatérielles, les entreprises pionnières de tous les secteurs et régions peuvent stimuler l’inclusion sociale et accélérer leur transition écologique dans les territoires.
Dans ce rapport, Navi Radjou propose une taxonomie originale ainsi qu’un modèle de maturité (feuille de route) pour aider les entreprises à s’engager profondément dans l’économie du partage B2B et à en tirer pleinement profit. Il propose également aux décideurs politiques 10 recommandations concrètes pour stimuler le partage B2B et en tirer parti pour coconstruire des sociétés inclusives et régénératrices :
- « Reconnaître officiellement le partage B2B comme un des piliers fondamentaux de la stratégie de relance française, permettant d’accélérer les transformations économique, écologique, industrielle, sociétale et sociale du pays d’ici 2030. […]
- Rendre permanents les assouplissements juridiques apportés par la loi du 17 juin 2020, dite “loi d’urgence 2”, qui facilite le recours au prêt de main d’œuvre entre entreprises. […]
- Éduquer et inspirer les décideurs économiques et les acteurs politiques au niveau national et territorial sur les gains économiques, sociaux et écologiques du partage B2B en établissant un site Internet (partageinterentreprises.fr ou partageB2B.fr) qui documenterait les études de cas instructives et identifierait des bonnes pratiques déjà prouvées en matière de partage B2B issus de toutes les régions de la France.
- Demander aux autorités telles que la DGFIP, la Banque de France, l’Ordre des experts-comptables de reconnaître officiellement les transactions et flux sur les plateformes et réseaux de partage B2B.
- Encourager la Banque des Territoires et Bpifrance à investir dans des écosystèmes de partage B2B déjà existants dans les territoires pour accélérer leur croissance. […]
- Pousser l’Institut national de la propriété industrielle (INPI), qui aujourd’hui aide les entreprises, en particulier les PME et les ETI, à mieux protéger leurs idées et inventions originales avec des brevets, à aider aussi ses clients à mieux valoriser leurs ressources immatérielles, telles que la propriété intellectuelle (PI), en les partageant avec d’autres entreprises. Les lettres PI dans INPI doivent designer non seulement “propriété intellectuelle”, mais aussi “partage intellectuel”. […]
- Encourager les entreprises à pratiquer une mutualisation des achats “éclairée” qui viserait à faire “mieux avec moins”, c’est-à-dire réaliser des gains économiques par l’effet volume, mais aussi améliorer l’impact social et la performance environnementale des entreprises. L’État peut montrer l’exemple en soutenant des achats groupés dans le secteur public qui aient des effets vertueux sur le plan sociétal et écologique.
- Demander à l’Autorité de la concurrence de promouvoir l’innovation en s’opposant aux efforts des syndicats et organismes professionnels en France qui chercheraient à bloquer l’essor du partage B2B dans certains secteurs. […]
- Convaincre la Commission européenne d’aider à pérenniser les pratiques de partage B2B qui ont vu le jour pendant la crise sanitaire et ont permis d’y faire face, et à les faire passer à plus grande échelle dans l’ère post-COVID. […]
- Utiliser le partage B2B comme un des piliers d’un nouveau paradigme de coopération de la France avec les pays en développement. Longtemps, on a cru que le Nord innovait et que le Sud imitait. Cette période de “transfert de technologie nord-sud” est révolue. Aujourd’hui c’est le Sud qui innove plus vite, mieux et à moindre coût. » […]
C’est à un changement radical de modèle mental auquel nous invite Ravi Nadjou. Le partage B2B offre en effet la promesse d’avantages économiques, sociaux et écologiques importants. Cette économie du partage interentreprises est déjà en train d’émerger.
Crédit : Can Stock Photo – alexandersikov