17 mars 2020. La France est sommée de rester chez elle. Les frontières ferment. Commence alors le combat pour assurer la survie des activités, de toutes les activités. Les autoentrepreneurs, les dirigeants de TPE, de PME, d’ETI, les grands groupes et les organisations publiques sont dans un état de sidération. Certains s’arrêteront totalement. D’autres devront assurer la continuité des services essentiels au quotidien.
Les semaines filent. L’eau des canaux de Venise redevient limpide, de quoi nous inspirer. Les navires de croisière qui fragilisent la Cité des Doges disparaissent. On parle alors de tourisme plus responsable. Les médias annoncent la décision du gouvernement italien de mettre fin à ces « immeubles flottants » à Venise.
Dans les directions achats, on se dit qu’on ne les y reprendra pas une seconde fois. S’approvisionner hors de France devient un risque ; relocaliser, une urgence stratégique. Après la crise, on traitera ce problème, c’est sûr. Grandes entreprises et politiques sont unanimes. En plus, c’est le moment, c’est hypertendance, c’est responsable, ça créera des emplois, c’est bon pour la planète. C’est sûr, on va relocaliser. On va même réindustrialiser. Vive le Made in France. Ça va être super. Rien ne sera plus jamais comme avant. Il n’y aura pas de retour à la normale. Adieu le monde d’hier. Nous voilà propulsés dans le monde d’après.
Retour à la normale
Les mois filent. Après des vacances au cours desquelles nous éprouvons de nouveau la liberté, c’est la seconde vague, puis la troisième. La question des approvisionnements se pose toujours. Mais la promesse de relocaliser semble s’évanouir. On ne parle plus du sujet dans la presse. Les choses, lentement, semblent rentrer dans l’ordre. Mais dans l’ordre ancien. Le 3 juin 2021 à l’aube, après un an et demi d’absence, le MSC Orchestra, un paquebot de 294 mètres, apparaît sur le bassin de Saint-Marc et le canal de la Giudecca à Venise. Notre monde d’après ressemble furieusement à celui d’hier.
Quand nous, Lab Pareto, communauté d’acheteurs et de dirigeants de TPE/PME, avons entendu les déclarations de bonnes intentions sur la relocalisation, nous nous sommes mis en ordre de bataille. Nous allions accompagner cette transition en faveur des petites entreprises responsables présentes partout sur notre territoire. Les grandes entreprises ont des besoins que des entreprises plus petites peuvent satisfaire. Reste à connecter la demande à l’offre. C’est bon pour les grandes entreprises. C’est bon pour les TPE/PME. C’est bon pour l’emploi.
Confiez-nous vos projets de relocalisations !
Acheteurs, dirigeants de grandes entreprises, le Challenge Pareto est prêt. Confiez-nous vos projets de relocalisations ! Nous vous mettrons en relation avec les TPE/PME agiles et réactives qui sauront résoudre vos problèmes.
Silence.
Force est de constater que ça ne se bouscule pas au portillon. Si ce n’est quelques audacieux courageux que nous saluons au passage, relocaliser ne semble plus si urgent. Et puis ça coûte cher. Entre performance économique et responsabilité sociétale, les grandes entreprises sont tiraillées. Voilà qui explique ce retour rapide aux vieux réflexes.
Les TPE/PME ne sont pas des bébés phoques. Plutôt que de se positionner au sauveur en perfusant des TPE/PME exsangues, l’Etat facilitateur pourrait les connecter durablement à la commande publique.
Pour cela, nous préconisons :
- De sensibiliser les consommateurs aux bénéfices des achats responsables : Pour cela, nous préconisons que 1 % du montant du plan de relance soit dédié à la sensibilisation et la formation des citoyens et professionnels aux impacts de nos achats. En effet, il semble indispensable que chacun puisse comprendre le lien direct qui réside entre l’achat et l’attractivité ou la désertification de nos territoires.
- De former les acheteurs publics (et privés) aux achats responsables : Pour cela, nous préconisons le développement et le déploiement d’un cycle de formation professionnalisant auprès de tous les acheteurs sur la démarche de coût complet. En effet, les notions d’externalités positives en matière de création d’emploi, d’inclusion, d’impact carbone et de protection du tissu économique local sont encore trop peu maîtrisées.
À quelques mois des échéances électorales de 2022, la thématique de la réindustrialisation du pays et des achats responsables s’est déjà invitée dans la pré-campagne. À n’en pas douter, nombreux seront les candidats qui exposeront leurs ambitions sur le sujet. Commençons immédiatement pour reprendre en main notre destin et celui de la planète.
Clémentine Parâtre, présidente du Lab Pareto et Emeric Oudin, président national du CJD