Pour la philosophe Julia de Funès, la généralisation du télétravail suite à la crise sanitaire est une aubaine, car ce mode d’organisation permet une certaine libération psychologique. Les problématiques de bonheur au travail étaient déjà sur le devant de la scène depuis quelques années maintenant, mais la pandémie nous a fait réaliser que la qualité de vie au travail repose notamment sur une plus grande autonomie des salariés dans leur gestion du temps.
Cependant, si le télétravail est largement plébiscité par les salariés (73 % y sont favorables), il met aussi en exergue nombre d’inégalités. Parmi les personnes qui peinent à trouver un équilibre satisfaisant entre vie professionnelle et vie privée, citons les jeunes parents, et en particulier les femmes. Pour faire face à cette réalité, les entreprises peuvent accompagner les jeunes parents, afin que le télétravail soit à la fois plus satisfaisant professionnellement et plus productif, tout en n’augmentant pas les inégalités hommes/femmes. Voyons comment…
Être salarié et jeune parent : une suite infinie de concessions ?
Pendant longtemps, les directions des ressources humaines ont considéré que la vie personnelle des collaborateurs de l’entreprise ne les concernait pas du tout. S’il faut savoir garder une certaine distance sur ces sujets, elles réalisent aujourd’hui que l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle est une problématique clef, surtout pour les collaborateurs qui ont des enfants. 92 % des salariés parents affirment qu’il s’agit d’un sujet de préoccupation majeur. Un chiffre qui atteint 97 % pour les parents d’enfant de moins de 3 ans.
Aujourd’hui, même si les missions et responsabilités proposées restent un des critères principaux dans le choix d’un poste, avant de s’engager dans une entreprise, les collaborateurs sont aussi très sensibles à ce que l’organisation a à offrir en matière de qualité de vie au travail et d’équilibre avec la sphère privée. 72 % des salariés parents estiment qu’ils manquent de temps au quotidien avec leurs enfants. La qualité de vie au travail ne se résume donc pas à la présence d’un baby-foot et à l’organisation régulière d’afterworks, mais bien à la capacité d’une entreprise à accompagner ses collaborateurs dans leurs différentes étapes de vie, dont celle de la parentalité. Sur ce point précis, 60 % des salariés estiment que leur employeur n’est pas à la hauteur. Un parent sur quatre se sent même régulièrement menacé par le surmenage. Cela touche principalement les femmes : 81 % des mères qui travaillent estiment que faire garder ses enfants impliquerait un plan de carrière plus serein, et pour 65 % d’entre elles, des opportunités de mobilité accrues.
Face à cette situation, les entreprises soucieuses d’égalité et de performance peuvent accompagner leurs salariés, et s’assurer que leur statut de parent ne soit pas un frein à leur évolution professionnelle. Cela passe par une certaine autonomie dans la gestion du temps (flexibilité par rapport aux horaires…) et par une aide à la gestion du stress et de la charge mentale… L’un des leviers les plus significatifs pour l’entreprise repose sur l’accompagnement du mode de garde.
Libérer la charge mentale des salariés parents
C’est un fait : pour les parents qui travaillent, la grossesse est à peine entamée qu’arrive déjà la problématique du mode de garde. 80 % des mères estiment que la recherche d’un mode de garde adapté à leur situation est un véritable parcours du combattant. Or savoir que son enfant est pris en charge dans un environnement sécurisant qui participe à son éveil, à son éducation, et même à sa préparation à la rentrée en maternelle (activités d’éveil, sociabilisation avec d’autres enfants, etc.) permet aux parents de gagner en sérénité et aux femmes qui le souhaitent de retourner plus rapidement au travail après leur congé maternité.
La crèche est un mode de garde qui offre des avantages uniques : horaires flexibles et larges, pas d’absence pour maladie, une proximité avec le domicile, des programmes pédagogiques riches et adaptés… Malheureusement, selon le baromètre de la Fédération française des entreprises de crèches, 50 % des parents n’auraient pas trouvé de place en crèche sans leur employeur. C’est bien là que peuvent intervenir les entreprises pour accompagner leurs collaborateurs et ainsi les aider à concilier vies professionnelle et personnelle. Cela n’implique pas la mise en place d’une crèche sur le lieu de l’entreprise comme cela pouvait être le cas il y a 20 ans. Il s’agit juste de réserver des places pour ses salariés, dans des crèches existantes, à proximité du domicile des collaborateurs — parents. C’est une attente forte des jeunes salariés : en effet, 75 % des futurs parents et 70 % des jeunes parents souhaiteraient que leur employeur leur propose une place en crèche privée. Et ce service a de réels bénéfices immédiats : avoir une place en crèche garantie par l’employeur permet aux parents de se projeter plus sereinement dans leur carrière (90 %) et d’envisager plus facilement une mobilité professionnelle (65 %).
Mais cette offre est aujourd’hui encore rare, puisque seuls 13 % des jeunes parents salariés ont la possibilité d’avoir une place en crèche via leur employeur et/ou celui de leur conjoint. Pour les entreprises qui souhaitent développer efficacement le télétravail, tout en favorisant l’égalité homme/femme, il est temps d’investir ce champ de la parentalité et de soutenir ses salariés dans la recherche d’un mode de garde adapté.
Une meilleure qualité de vie au travail va de pair avec une amélioration de la performance économique de l’entreprise, et renforce sa capacité à attirer, engager et fidéliser ses talents. Les salariés heureux sont 31 % plus productifs et 55 % plus créatifs, mais aussi 2 fois moins malades, 6 fois moins absents et 9 fois plus loyaux. Des chiffres parlants, à la portée de toute organisation qui s’engage à faire de l’accompagnement à la parentalité un véritable levier de qualité de vie pour tous !
Sacha Tikhomiroff, Directeur Général des Petits Chaperons Rouges