La forte hausse de l’endettement des entreprises françaises, qui atteint désormais 1 200 milliards d’euros, inquiète. Leur forte dépendance aux crédits bancaires les expose en période de faibles activités.
En outre, d’éventuels problèmes de remboursement pourraient mettre en difficulté le secteur financier. Le taux d’endettement n’est pas le seul élément à prendre en compte pour apprécier la solidité d’une entreprise. L’ensemble du bilan avec les réserves de liquidités et les fonds propres doit être retenu tout comme le poids du service de la dette. La dette des entreprises françaises à la fin de l’année 2020 représentait 82 % du PIB, contre 58 % en 1995. Elle demeure inférieure à la moyenne de la zone euro, hors France (120 %). La progression de l’endettement des entreprises est, depuis 2018, malgré tout plus rapide en France qu’au sein des autres États membres. Avec la crise sanitaire, l’écart s’est accru. La croissance est en France de plus de 10 % quand elle se situe entre 4 et 6 % dans les autres pays de la zone. Le taux d’endettement est élevé en France pour les grandes entreprises. Il atteint 150 % de la valeur ajoutée fin 2020, contre 100 % en 1996. Il est également important pour les entreprises de taille intermédiaire (130 % de la valeur ajoutée en 2020, contre 100 % en 1996). Il est plus faible pour les PME et relativement stable sur ces vingt dernières années, autour de 60 %.
Cette augmentation de la dette doit être relativisée, car, depuis 2011, les entreprises françaises ont augmenté significativement l’encours d’actifs financiers et monétaires qu’elles détiennent. Il est passé de 19 à 38 % du PIB. La dette nette est, de ce fait, stable autour de 50 % du PIB. L’encours des actions cotées et non cotées au passif des entreprises françaises a fortement progressé ces dernières années, passant de 150 à 300 % du PIB. La rentabilité des entreprises n’est pas obérée par cet accroissement de l’endettement en raison de la baisse des taux d’intérêt. En vingt ans, la charge de la dette a été réduite de moitié. Les intérêts payés par les entreprises représentaient 20 % des bénéfices avant intérêts et dividendes en 2019, contre 40 % en 2000. En dehors de 2020 avec le recul du PIB et des profits, le service de la dette est resté stable. La baisse des paiements d’intérêts a compensé la hausse de l’endettement.
Avant la crise sanitaire, les profits avant distribution de dividendes étaient en nette progression. Ils s’élevaient, à 14 % du PIB fin 2019, contre 11 % en 2012. Le taux de marge des entreprises françaises restait en deçà de leurs concurrentes étrangères, mais était en progression passant de 21 à 23 % de 2012 à 2019. Pour les grandes entreprises, ce ratio était de 26 %, proche de la moyenne européenne. Tout en étant en hausse, il était plus faible pour les entreprises de taille intermédiaire (24 %) et pour les PME (22 %).
12 % des entreprises potentiellement menacées de faillites
Le rendement des fonds propres en France était de 9 % en 2019. Stable depuis plusieurs années, il est cependant nettement inférieur à son niveau d’avant la crise de 2008 (14 %). La rentabilité du capital (RoACE) a augmenté d’un point entre 2012 à 2019 en atteignant 10,5 %. Elle est également inférieure à son niveau entre 2000 et 2007 (11,5 %).
Le nombre de faillites est un indicateur de la santé des entreprises. Il est passé de 70 000 à 50 000 de 2015 à 2019 en lien avec la politique monétaire expansive qui réduit le coût de l’endettement. Près de 12 % des entreprises sont potentiellement menacées de faillites ; cela concerne celles qui sont artificiellement soutenues par les taux d’intérêt historiquement bas. En 2020, avec les mesures de soutien prises par le Gouvernement, moins de 30 000 liquidations ont été enregistrées. La baisse concerne essentiellement les PME. Les faillites des entreprises de taille intermédiaire et des grandes entreprises sont en hausse.
Au regard des données financières, la dette des entreprises françaises n’est pas un problème en soi, car les entreprises ont accumulé des liquidités par ailleurs. En revanche, la faiblesse de leur taux de marge et de leur rentabilité du capital constituent un handicap évident et une menace à moyen terme. L’amélioration de leur profitabilité, ces dernières années, est la conséquence de la réduction des charges de la dette et non d’une amélioration de leur compétitivité. Une remontée des taux fragiliserait les entreprises et tout particulièrement celles de grande taille et celles de taille intermédiaire.